Dans la plaine éclairée
Aux feux des projectiles
Un fusil s'est terré
Rechechant un asile
Comme fuyant l'horreur
Et le bruit des combats
Terrassé par la peur
Et le mal qui s'abat.
Il Rejette, il condamne
Le massacre et le sang
Et tout ce qui profane
La paix des innocents
Il ne peut supporter
Les faibles arguments
Par la douleur, ôtés
Dont il est l'instrument
Il a trop fait rugir
Son canon embrasé
Usé de faire surgir
La mort au champ rasé
Il s'épuise aux cartouches
Qui lustraient son métal
Causant à chaque touche
L'horrible issue fatale
Il ne veut plus servir
Les démons décadents
Se plaisant à sévir
Violents, intolérants,
Au nom de territoires
De droits ou de richesses
De sordides histoires
Et bien d'autres bassesses
il déserte les cris
La haine et les décombres
La colère, le mépris
Les cadavres en nombres
Il s'enfouit dans les herbes
Oubliant ce qu'il fut
Perdant de sa superbe
N'étant plus à l'affût
Dans la jungle touffue
Bien loin des projectiles
Un vieux fusil s'est tu
A tout jamais stérile .
Vincent Gendron ( Issy les Moulineaaux 1995)