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LE Château d'Elvira (suite et fin)
25/03/2010 21:58
n Alors où en es-tu ma belle ?
n Je suis libre à partir d’aujourd’hui, mais je suppose que tu le sais déjà !
n Oui, j’espère que ça te fait plaisir, que vas-tu faire maintenant ?
n Ben justement, j’aurais besoin de toi pour un travail, des papiers et un logement.
n Hum oui je vois, bon ne bouge pas j’ai un coup de fil ou deux à donner et je reviens.
n Ok ! je t’attends !
Elle commençait à se demander qui était cet homme qui semblait tout pouvoir, à qui nul ne résistait et qu’elle croyait connaître. Son regard balaya l’assemblée, on la dévisageait avec considération et déférence. Les hommes n’osaient s’attarder sur sa personne comme si elle eût été « chasse gardée ». Les femmes les plus séduisantes la fusillaient de jalousie. Seul Danny semblait échapper à l’obsession générale, il la servit tranquillement avec un sourire à la fois commercial et empathique. Elle trouvait le temps long, il lui semblait qu’une heure s’était écoulée depuis le départ de Tony mais en regardant sa montre au bracelet d’or qu’il lui avait offert, elle constata qu’il n’était sorti que depuis dix minutes. Le brouhaha redoublait et chaque nouvel arrivant la scrutait comme une curiosité malsaine, elle se sentait salie, dénudée, abîmée et surtout humiliée par ces gens qui prenaient l’allure de visiteurs d’un zoo dont elle serait devenue l’attraction principale. Elle sirotait son verre, s’efforçant d’oublier ce qui se passait autour d’elle, la tête baissée et l’esprit habité par celui qui se faisait de plus en plus désiré. Au bout d’un certain temps, un curieux plus audacieux que les autres, vint lui demander si elle était la petite amie de Tony, elle répondit que non, ils étaient amis, sans plus, l’homme sembla s’en satisfaire et retourna à sa table. Après ces douloureuses minutes interminables, Tony revint de son périple téléphonique. :
n C’est bon ! (lança-t-il,) j’ai tout ce qu’il te faut ! Tu aimes la vente ?
n Euh… je ne sais pas je n’ai jamais rien vendu avant !
n Tu aimeras, il s’agit d’un magasin de prêt-à-porter en plus tu pourras bénéficier de quelques robes à des tarifs très intéressants.
n Waw ! C’est génial ! Et pour le logement !
n Tu peux garder ton appart, il est à toi !
n A moi, comment ça ?
n Je te l’ai acheté !
n Tu as fait ça ? Pourquoi ?
n Ben, il te plaisait non ?
n Oui mais tu n’aurais pas du !
n Bah ! C’est rien, ne t’en fais pas !
n Tu es fou, ou tu es très riche !
n A toi de choisir ! Bon pour le job présente toi dès lundi à Madame Bergaud au magasin « Vêtimode » dans le 7ème arrondissement rue Vaneau près de l’Hôtel Matignon.
n Tu es vraiment très gentil, pourquoi tu fais tout ça pour moi.
n Parce que si je ne le fais pas, qui le fera ?
n Qu’est ce que je peux faire pour te rembourser ?
n T’inquiète, tu trouveras un moyen le moment venu !
Elle le gratifia d’un long baiser sur la joue, puis sortit du café où elle se sentait si malheureuse et décida de déambuler à travers les rues. Elle pensait que cet homme était vraiment un ange, mieux que ça il lui apparaissait comme un magicien qui réglait tout d’un coup de baguette magique. Quelqu’un lui faisait du mal, aussitôt Tony s’en occupait et elle était délivrée. Elle était dans le besoin, il lui suffisait d’appeler Tony et il se chargeait de tout. Si elle éprouvait de la tristesse, de la peur, elle se réfugiait dans ses bras et tout disparaissait, oui c’était un Vrai Magicien et elle bénissait le ciel de l’avoir rencontré. Mais pourquoi faisait-il cela, que pouvait-il bien attendre en retour ? Il ne l’avait même pas touché, combien de fois avait-il payé pour passer du temps avec elle et elle s’était retrouvée comblée de cadeaux, de robes somptueuses, de places de théâtre, d’opéra, de bijoux, de fleurs et tout cela sans lui avoir livré son corps. Elvira ne s’expliquait pas les attentions désintéressées de ce bellâtre si bon et si fort à qui rien ni personne ne résistait et qui semblait prêt à tout pour satisfaire ses moindres désirs. Ce que la jeune femme ignorait c’est que dix ans auparavant Antonio Lacosta n’était qu’un fils d’émigré parmi tant d’autres. Recueilli par un oncle qui faisait fortune par le soutien de gens peu scrupuleux, Antonio avait grandi sur les valeurs du système D, celui de la rue qui lui avait permis de prendre place au sein des familles les plus aisées de la capitale. Ses parents restant indifférents au sort de leur rejeton, seul le « fameux tonton » attachait de l’importance à l’essor de ce garçon prometteur. Tony brillait par l’aura qu’il dégageait, il séduisait, envoûtait, obtenait tout ce qu’il voulait et ceux qui peu nombreux, lui résistaient avaient l’habitude de disparaître dans la nature. Marié à la fille d’un industriel belge pendant deux ans, la pauvre femme victime d’une grave dépression végétait depuis plus de cinq ans dans un asile psychiatrique privé dont Tony divorcé depuis lors, continuait malgré tout de verser les sommes nécessaire à ses soins, veillant à ce qu’elle ne manquât de rien. Tout cela constituait sans doute une partie des raisons qui incitaient cet homme à se montrer bienveillant à l’égard d’Elvira.
Lorsqu’elle se présenta à madame Bergaud, Elvira se sentit aussitôt à l’aise, cette élégante quadragénaire, loin de se complaire dans un système d’intimidation lui recommanda de l’appeler par son prénom, Lise, lui précisant qu’elle n’exigeait qu’une seule chose de ses collaborateurs, l’honnêteté. Lise signifia donc à Elvira qu’elles travailleraient ensemble avec une autre vendeuse, qu’elle lui présenta et que ce travail d’équipe ne tolérait pas la compétition néfaste qui ne pourrait qu’engendrer les rivalités au sein du magasin. Cette ambiance différait totalement de celle qu’elle avait connu jusque là. Certes le salaire qu’on lui délivrait semblait très loin de ce que lui offrait madame Iris mais la dignité et la respectabilité valaient bien le sacrifice. Elvira apprit progressivement son travail, la façon d’accueillir, de conseillers et de servir les clientes, ainsi que la méthode pour répondre sincèrement sans blesser tout en se faisant respecter. Au bout de cette première journée, Lise se félicitait d’avoir répondu « oui » à Tony qu’elle connaissait depuis quelque temps déjà et qui ne l’avait jamais déçu. En sortant du magasin vers 19h35, la jeune roumaine se sentit libre comme jamais. Elle avait l’impression de devenir une petite française comme les autres, dotée, il est vrai, d’un délicieux accent des Balkans mais autorisée à marcher dans les rues sans honte et sans la moindre gêne de pouvoir avouer son métier. N’était ce pas cela le véritable rêve de la petite fille de Pitesti, vivre au grand jour du fruit de son travail, être aimée, respecter, pouvoir aller où elle voulait sans avoir de comptes à rendre. La providence veillait sur elle, une providence forte et bien séduisante qui répondait au prénom d’Antonio et quelle voulait d’ores et déjà appeler « son Tony ». Le lendemain se déroula presque à l’identique. Elvira prit plaisir à travailler aux côtés de Eléonore. Celle-ci avait approximativement le même âge, gentille, douce parfois un peu intransigeante en ce qui concernait l’émigration. Elle s’ingéniait à dire que le gouvernement manquât de fermeté envers ceux qui comme elles disaient « viennent s’enrichir aux dépends des plus pauvres dans ce pays », sans réaliser à qui elle adressait ces mots qu’Elvira recevaient comme des gifles de reproches, pour elle qui n’était ici que pour survivre. Eléonore pourtant n’avait pas la moindre animosité à l’égard de la petite Roumaine qu’elle appréciait même tant sur le plan de son travail que pour ses qualités humaines. Naturellement seule Lise Bergaud connaissait le passé d’Elvira, Tony lui en avait décrit les grandes lignes sans la mettre au courant de tous les détails sinistres. Ce deuxième jour fut un tournant pour la jeune femme, on lui permit de servir seule une cliente sans l’assistance de l’une ou l’autre. Lise l’épiait du coin de l’œil non par méfiance mais pour s’assurer que tout se déroulait parfaitement. En constatant le sourire satisfait de la cliente réputée pour ses caprices et son caractère désagréable, elle comprit que sa nouvelle vendeuse avait toutes les qualités requises pour ce travail. Après cela elle la laissa s’occuper de toutes les clientes qui se présentaient à elle, se permettant même parfois de l’envoyer seconder Eléonore pour les cas difficiles. Le trio fonctionnait à la perfection, les trois femmes devinrent rapidement amies et il n’était pas rare de les apercevoir dans un bar après la fermeture riant de bon cœur ou se moquant des hommes empressés qui s’acharnaient à leur faire la cour. Au bout de deux semaines on ne distinguait plus la patronne des autres vendeuses, elles pratiquaient le tutoiement, en collectionnant les blagues de fillettes autant que les histoires salaces qu’affectionnent les femmes en petit comité. Un soir alors qu’elles plaisantaient sur le manque de prouesse de certains de leurs amants, Elvira dut tricher, ses amants étant si particulier qu’elle n’avait même pas su ni les apprécier ni les critiquer au sujet de leurs performances. Seul Axel, cet homme charmant et attentionné qui l’avait plongé dans l’extase lui laissait un souvenir délicieusement impérissable. En racontant cette nuit mémorable, le rouge lui montait aux joues, ses mains tremblaient, son front suintait, elle ressentait des vibrations à travers tout son être. Les autres la regardaient avec un émerveillement mêlé à la gêne de découvrir une partie très intime de sa vie. Elles l’enviaient, prétextant n’avoir jamais vécu cela, même si elles avaient connu l’amour, et le plaisir puissant, elles avouaient n’avoir jamais eu d’orgasme et cela les éblouissait. Et puis se laissant aller aux confidences, et sans le vouloir elle livra son désir de sortir avec Tony. Là, les regards s’accrochaient à ses lèvres devinant des secrets inavoués. Elle leur raconta sa rencontre avec lui, la façon dont tout s’était déroulée, Lise voulait intervenir mais Elvira protesta si énergiquement que la patronne se tut. On pouvait craindre la réaction de Eléonore, mais au lieu d’émettre un jugement, celle-ci versait des larmes, touchée par la rencontre qu’on lui décrivait, devenant admirative devant le courage qu’il avait fallu à sa nouvelle amie pour se libérer du joug de son ancien métier. Elle voyait en Tony une sorte de prince charmant plein de tact et de respect, dont il ne fallait absolument pas qu’Elvira se sépare et qu’il devait être très amoureux d’elle pour l’avoir traitée de la sorte. Eléonore s’appliquait à convaincre son amie qu’elle devait faire le premier pas vis-à-vis de Tony, et que si jamais sa démarche s’avérait être un échec, elle aurait au moins tenté, cela valait mieux que le doute. Elvira se sentait comme une petite fille qui reçoit les conseils de ses aînés. Elle redoublait de « ah bon ! » et de « Tu crois ! » de manière incrédule. La soirée se termina en danse et en chansons plus ou moins paillardes, chacune enseignant aux deux autres les « trésors » de sa région ou de son pays. Lorsque vint le tour de la jeune roumaine elle traduisait chaque expression avec malice et gêne tout en se laissant partir dans un rire déchaîné si contagieux que ses camarades la suivirent. L’alcool et l’ambiance qui les entouraient activaient cette folie saine et amicale qui les habitait. Elles se rapprochaient de plus en plus ce qui permit à Elvira de s’apercevoir qu’elle venait de se constituer des amies pour la première fois depuis longtemps.
Au moins deux fois par semaine, Elvira allait à la rencontre de Volodia, sa nouvelle compagne et compatriote à la fois. Elle avait par trois fois solliciter les faveurs de Tony pour qu’il sorte la jeune femme de chez monsieur Vladimir, mais ses efforts furent, hélas, vains. Mais voici que les journaux annonçaient la mort suspecte d’un trafiquant notoire et proxénète de surcroît, d’origine russe. En entendant cela Elvira s’était aussitôt renseigné et les renseignements qu’elle détenait confirmaient ce qu’elle soupçonnait déjà, il s’agissait bel et bien de Vladimir kinski. Elle était accourue auprès de Volodia pour lui signifier qu’elle était libre à présent et qu’elle devait expressément quitter, non seulement son trottoir mais aussi tout ce qui la liait de près ou de loin avec Kinski et son organisation. Ensuite elle l’avait hébergé et par faveur plus que par nécessité Lise Bergaud lui avait offert une place de vendeuse manutentionnaire. Elvira savourait cette petite victoire sous forme de sauvetage et elle n’appréciait que davantage de compter désormais une amie de plus au sein de son groupe. Cela lui donnait l’impression de gérer son cercle, elle voulait les protéger, les couver, les garder au chaud comme si elles avaient été ses enfants. Cette forme de maternage la stimulait, mieux même, la rassurait et surtout lui donnait de l’importance et la renforçait. C’était si bon de sentir leur présence quasi permanente puisqu’elles ne se quittaient presque plus, passant leurs journées de travail ensemble, les soirées et les jours de repos. Il ne manquait plus pour son bonheur que la présence de Tony, son gardien, son « homme », car dans son esprit il s’agissait bien de cela. Oh comme elle aurait été heureuse de pouvoir se promener à son bras, lui présenter ses merveilleuses amies, faire la fête tous ensemble, et pourquoi pas l’épouser un jour et lui donner de beaux enfants. Mais le fils Lacosta ne semblait pas l’entendre de cette oreille, il n’intervenait que pour secourir sa belle lorsqu’elle venait le supplier, autrement il ne se manifestait jamais. En attendant de trouver un logement Volodia résidait chez Elvira qui s’efforçait de rendre la vie de sa nouvelle amie plus paisible. Volodia ignorait tout de la façon dont les transactions s’étaient déroulées pour lui permettre d’obtenir la place dans le magasin de Lise. Elvira avait du sacrifier la moitié de son salaire, non pas pour des raisons mesquines émanant de Lise mais le commerce de celle-ci, loin de s’épanouir commençait à péricliter et soucieuse de venir en aide à Volodia, Elvira avait elle-même proposé cet arrangement qui demeurait confidentiel. Fière de sa nouvelle condition et désireuse de paraître dans l’abondance la jeune femme s’évertuait à dissimuler ses nouvelles difficultés financières, elle s’était résolu à reprendre à son compte ses anciennes fonctions, s’appuyant sur ses anciens amants qui se faisaient un plaisir de profiter à nouveau de ses charmes. Pour quelques centaines d’euros on pouvait donc passer un moment agréable en sa compagnie et pour mille euros il était possible de l’avoir une nuit complète avec tous les avantages qu’elle savait offrir sans tabou. Tout cela se faisait dans la plus grande discrétion, nul ne devait connaître cette nouvelle occupation, elle s’efforçait de ne jamais être en retard au magasin afin de ne pas éveiller les soupçons.
Ce soir là elle s’interrogeait sur la personne qu’elle devait rencontrer. Un certain homme mystérieux lui avait fait part de son désir de la voir à 22h au Georges V. En arrivant elle demanda au réceptionniste la chambre de Monsieur Harold, il lui indiqua le numéro 525, elle tenta d’obtenir des renseignements sur le personnage, mais l’employé se voulait d’une discrétion d’agent secret. Le cinquième étage déployait son tapis rouge aux ferrures d’or, chaque porte arborait un aspect différent, que ce soit pour ses couleurs qou pour les motifs qui la tapissaient. Après avoir marché sur quelques mètres elle se trouva devant le numéro 525 indiqué par le réceptionniste, nantie de l’appréhension habituelle, elle frappa délicatement. La porte s’ouvrit, l’homme se tenait là, imperturbable, froid, le regard accusateur. Elvira se sentit pétrifiée et honteuse à la fois, puis effrayée de constater que Monsieur Harold n’était autre que Antonio Lacosta, son Tony, son « homme ».
n Ben qu’est-ce que tu attends, (lança-t-il sévèrement) entre !
n Euh !... oui !
n Alors ma belle, qu’est ce que tu peux m’offrir pour 5000 euros ?
n Quoi ! Mais … c’est beaucoup trop !
n Alors dis moi je dois payer combien pour avoir la plus belle pute de Paris ?
n Pour toi, c’est rien, (avança-t-elle timidement) tu le sais bien !
n Mais il n’est pas question que tu me fasses une faveur, je ne voudrais pas ruiner ton commerce, je paierai le prix, j’y tiens !
Il aurait voulu poursuivre sur le même ton, mais, en apercevant les larmes qui perlaient à travers le rimmel, il se fit tendre et l’enlaça très fort sans dire un mot. Ils restèrent longuement blottis, le cœur pétri de honte pour l’une et de colère pour l’autre. Soudain levant son regard anthracite vers celui de Tony et sans préméditation elle lui saisit le visage et lui vola un tendre baiser auquel il répondit sans retenue. Elle lui ôta ses vêtements un à un, il fit de même pour elle, et en peu de temps ils se retrouvèrent nus sur le lit. Excitée comme une chatte joueuse, elle se ruait sur lui, le caressant, le dévorant des pieds à la tête. Elle découvrait le plaisir sous des formes qui lui étaient étrangères, arpégeant les parties du corps de son aimé en le savourant sans entrave. Il lui sembla découvrir ces gestes qu’elle connaissait par cœur et qui lui révélaient soudain un aperçu étrange et merveilleux. Il lui appartenait, elle l’assaillait de partout, le chevauchant, le subissant en toute volonté, l’arpentant en tous ses sommets, le possédant en lui infligeant les plus délicieuses tortures. Ils s’appartenaient sans retenue mais avec tant de force et de bonheur. Lorsqu’il s’éveilla aux lueurs du soleil, il découvrit un merveilleux tableau. Elvira se tenait là dans le halo du levant, vêtue uniquement de la chemise blanche impudiquement ouverte de son homme, les cheveux joliment désordonnés, les jambes détendues aux cuisses luisantes du rayon qui les caressait, les pieds nus et fins aux ongles peins, ne laissant paraître que la gourmette dorée de sa cheville droite. Il savourait ce spectacle comme on se prosterne devant un Rembrandt ou un Degas, avec un identique recueillement. En le voyant réveillé, elle se jeta sur lui et profitant de l’érection matinale elle s’investit en le chevauchant à grands coups de postérieur. Ils se possédèrent à nouveau durant de longues minutes jusqu’à sentir en elle le bien être de leurs ébats. Repus et comblés, ils s’endormirent l’un contre l’autre sans se lâcher la main. Quand elle se réveilla, il avait déserté la chambre, elle se sentit tristement seule, surtout en apercevant sur la table une liasse de billets de cent euros, elle crut en dénombrer 50. Voilà donc ce que représentait cette nuit d’amour aux yeux de Tony, 5000 euros et rien de plus.
A la suite ils se revoyaient régulièrement, elle vivait des instants d’amour et lui les comptabilisaient comme des performances qu’il lui devait. Elle se réveillait chaque fois seule avec mille, deux mille voire plus, d’euros en guise de rémunération. Elle s’était résolue à accepter, se disant que s’il la considérait comme une pute de luxe, elle serait Sa pute de luxe. Elle ne s’interdisait pas de coucher avec d’autres clients, et ils étaient nombreux à la désirer. Tony ne représentait aucune exclusivité puisqu’il avait décidé d’être un client comme un autre. Evidemment les nuits avec lui revêtaient des allures de folles nuits amoureuses jusqu’à la découverte des billets, tandis que les autres clients avaient droit au grand jeu strictement professionnel. Cette situation finit par affecter sensiblement ses journées au point qu’elle se mit à négliger son travail au magasin. Lise se décida un jour à lui faire part de ses inquiétudes, d’autant qu’elle n’avait jamais eu à se plaindre de la qualité du travail d’Elvira :
-- Que se passe-t-il, ma chérie ? (Engagea-t-elle d’un ton maternel)
-- De quoi veux-tu parler ?
-- Tu le sais très bien ! Tu oublies de ranger les robes que les clientes ont laissées, tu te trompes en rendant la monnaie et tu refiles n’importe quoi aux clientes difficiles, ça ne te ressemble pas !
-- Ah oui et alors !
-- Attention Elvira, je te parle gentiment, ne le prend pas sur ce ton !
-- Pour le prix que tu me paies, j’ai le droit de prendre le ton que je veux.
-- Ah tu veux en reparler, tu sais que je n’avais pas les moyens d’embaucher la petite mais tu as voulu absolument qu’elle travaille avec toi, tu m’as persuadé de la prendre en sacrifiant ton propre salaire. C’était de la folie, mais j’ai fini par accepter et maintenant tu viens me le reprocher !
-- Oh tu m’emmerdes, après tout si t’es pas contente de mon boulot je me casse, j’ai d’autres moyens de subsistance.
-- Mais qu’est ce que tu as ? Si tu as un problème dis le moi !
-- Cela ne te regarde absolument pas, tu n’es pas ma mère et il serait temps que tu apprennes à vivre sans moi, fini les soirées passées ensemble, j’ai une vie moi !
--Ah oui et c’est quoi ta vie ? Tu as un mec, c’est ça ?
-- Ah tu voudrais tout savoir hein ! Et bien oui j’ai un mec, c’est Tony, oui je couche avec lui et c’est génial !
--Tu l’aimes ?
-- Oui !
-- Méfies toi de lui, ce type est …dangereux !
-- Quoi ! Mais tu es complètement dingue ma pauvre Lise, il est temps qu’on se sépare !
-- Fais comme tu veux, mais je t’aurais prévenu, au moins si tu pars je donnerais ton salaire à ta petite protégée ça devrait te faire plaisir !
-- Fais donc ça ! (Et elle claqua la porte sans même réclamer son du)
Une fois dans la rue elle se rendit compte de son erreur, mais songeant qu’il était trop tard et qu’il fallait toujours aller de l’avant, elle s’obstina à augmenter le nombre de sa clientèle. Elle comptait maintenant une douzaine de fidèles, prêts à débourser des fortunes pour ses prestations. Elle devenait leader sur la place de Paris et sa réputation allait au-delà car les hommes d’affaires et les stars internationales se la recommandaient. Parfois dans la journée lorsqu’elle se sentait sale et minable, elle se consolait en pensant qu’un jour elle réaliserait son rêve de petite fille et ce jour là elle pourrait leur en remontrer à tous en leur flanquant son château à la figure. Certes tout n’était pas merveilleux, loin de là. Volodia lui en voulait d’avoir quitté le magasin et sans connaître l’activité secrète de son amie, elle en devinait la teneur. Les deux femmes ne se parlaient presque plus. De plus Elvira restait fâchée avec Lise, ne voyant plus Eléonore, tout cela la contrariait beaucoup. Elle devenait avide d’argent et même de sexe et sa cupidité finissait par altérer son jugement, elle acceptait tous les hommes fortunés sans prendre le moindre renseignement au risque d’être confrontée à des pervers ou des violents. Mais dans une discrétion absolue, Tony veillait. Il postait des hommes de main qui se relayaient toute les deux heures devant l’appartement de sa tendre. Il avait pris soin de choisir des visages qui lui étaient inconnus de manière à ne jamais éveiller ses soupçons. Malheureusement, la jeune femme s’était installée en toute quiétude, ignorant qu’elle devait être fichée à la police des mœurs. Celle-ci s’embarrassait rarement d’inquiéter les petits réseaux de prostitution comme le sien qui ne représentait que du menu fretin, mais sous la pression de la police criminelle qui enquêtait depuis longtemps sur les agissements d’un certain Antonio Lacosta dit « Tony le beau gosse », ayant constaté sa relation avec la « roumaine » comme on l’appelait, la « crime » voyait là un excellent moyen de pression pour le confondre. Et, par un matin d’avril alors qu’un client se rhabillait, on sonna à la porte en criant : « ouvrez police ! » elle ouvrit. L’homme qui se présentait à elle vêtu d’un blouson de cuir marron, âgé d’un trentaine d’année offrait un visage dur et sévère :
n Je suis le lieutenant Barsac de la police des mœurs, veuillez vous habillez mademoiselle, je vous emmène au « 36 ».
n Mais pourquoi ? Je n’ai rien fait !
n Nous devons vous interroger ! Allez habillez-vous vite !
Elle tenta d’en savoir plus, mais Barsac coupa court à ses questions, il fit de même lorsqu’elle voulut se maquiller comme à son habitude.
n Dépêchez-vous bon sang !
n Bon, je vous suis (acquiesça-t-elle très dignement)
La voiture roulait très vite dans les rues de Paris mais ce n’était pas ce qui effrayait le plus Elvira. Bizarrement, en tant qu’émigré elle n’avait encore jamais eu à faire à la police. Combien de ses « frères et sœurs » d’infortune avait-elle vu ainsi embarqués manu militari, cette fois c’était elle la « criminelle » que l’on accrochait par le bras comme si elle avait été une dangereuse reprise de justice. Elle songeait soudain à la police de (Tchaoutchesku) qui avait ainsi embarqué ses parents avant qu’ils disparaissent totalement. Certes cette police là ne pouvait pas être comparée à celle du tyran mais la manière dont on lui parlait, dont on la scrutait lui laissait à penser qu’il ne s’agissait pas d’un interrogatoire de routine. Arrivés au 36, quai des orfèvres, on l’installa dans une pièce dénudée, sinistre et froide aux murs délavés, mal éclairée et dotée d’un miroir sans teint. Là elle demeurait passive, pétrie d’angoisse et d’impatience. Elle devinait le but de cette attente tout comme celui du miroir qui lui faisait face. Elle imaginait les deux ou trois personnes qui devaient l’observer de l’autre côté en pensant qu’il ne lui fallait pas donner le moindre signe d’inquiétude car tous ses gestes seraient tenus comme des aveux de culpabilité. D’ailleurs de quelle culpabilité s’agissait-il ? Que lui reprochait-on ? Elle n’ignorait pas la clandestinité de son commerce, mais la manière dont on la plantait là dans ce local vide et stressant ne pouvait être justifié par sa seule activité. Il lui venait bien à l’idée que l’un de ses clients put exercer des activités illégales mais pourquoi l’aurait-on amené ici, il aurait suffit de quelques questions à domicile. Depuis une demi-heure qu’on la laissait attendre, elle pouvait analyser toutes les raisons possibles de sa présence en ces lieux, mais aucune réponse plausible ne savait justifier cette attente. Tout à coup la porte s’ouvrit et le lieutenant entra accompagné d’un collègue qui se présenta :
n Bonjour, mademoiselle, ça ne vous a pas paru trop long j’espère, on est débordé, excusez-nous, je suis le capitaine Lestard de la criminelle.
n Non, vous savez j’ai l’habitude d’attendre (envoya-t-elle, feignant l’impassibilité pour contrarier ses hôtes)
n Bon vous vous demandez pourquoi vous êtes là, sans doute (reprit le capitaine)
n Oui un peu, mais je suppose que vous allez me le dire !
n Nous avons un petit problème avec vous Elvira, je peux vous appeler Elvira ?
n Non ! Seuls mes amis m’appellent ainsi et je ne crois pas que vous en soyez !
n Bon je vois ! Que vous soyez une pute, moi ça ne me dérange pas mais vos activités par contre elles me dérangent un peu, car votre commerce est totalement illégal et il commence à prospérer de manière fulgurante !
n Ah bon et je ne paie pas mes impôts c’est ça ? Alors vous représentez le fisc en fait ! C’est pour ça que la criminelle s’en occupe !
n Ne jouez pas à ce jeu là avec moi ! En fait ce sont vos relations qui me gênent !
n Tiens donc ! Lesquelles ?
n Votre ami, Tony, le beau Tony !
n Oui c’est mon ami et alors ?
n Parlez-nous de lui ! Comment l’avez-vous connu ?
n C’était un client et il m’a beaucoup aidé !
n Dites-nous comment il vous a aidé !
n Ben ! Il m’a rendu des services
n De quel genre de services parlez-vous ?
n Il m’a protégé des salauds, il m’a délivré de chez madame Iris et il m’a trouvé un job.
n Vous savez comment il a fait ça ?
n Par ses relations, il connaît plein de gens ici !
n Regardez ces photos mademoiselle, regardez bien ! (il étala une série de photos toutes plus horribles les unes que les autres)
n C’est quoi ?
n C’est le travail de votre « gentil ami » vous voyez ce cadavre mutilé, c’est celui de Vladimir Kinski, et celui-ci c’est son bras droit Carlos et celui-là c’est votre madame Iris. Et voilà les gosses morts d’overdose. Vous voyez ces filles avec des ecchymoses, des bleus partout, les brûlures, tout ça c’est le boulot de Tony.
n Vous mentez, Tony ne pourrait jamais faire ça, c’est un gentleman, un gentil.
n Regardez ce que ce gentleman est capable de faire, vous finirez comme celles-ci.
Elvira reconnu le visage de la photo, il s’agissait de Nassima, la marocaine qui travaillait sur le trottoir avec elle au temps de monsieur Vladimir.
n Ce n’est pas lui qui l’a tué c’est sûrement monsieur Vladimir c’était un salaud.
n Détrompez-vous elle est morte hier et elle faisait partie du « cheptel » de Tony. Il s’est débarrassé de Kinski pour s’emparer de son réseau et croyez-moi ce que subissent les filles maintenant est pire que le traitement de Vladimir.
n Vous mentez, vous dites n’importe quoi, Tony est un homme merveilleux, il aide les gens, tout cela c’est…
n Tu peux dire ce que tu veux, tu sais bien au fond de toi qu’on dit la vérité. Tu ne t’es jamais posé la question sur la façon dont il avait obtenu tout cet argent. Et pourquoi chez Dany tout le monde le craint. Si tu nous parlais un peu de la jolie Volodia.
n Qu’est ce qu’elle a à voir la dedans ?
n Tu l’as vu récemment ?
n Non, elle a quitté l’appartement !
n Tu sais où elle est ?
n Non, on est fâché depuis que j’ai quitté le magasin !
n La voilà !
Soudain elle devint blême, sur la photo on voyait distinctement le joli visage tuméfié de Volodia. Son corps était maculé de sang, on pouvait remarquer les plaies béantes qui jonchaient son corps, ce qui laissait à penser qu’on avait du la torturer avant de l’exécuter. Elvira voulait soustraire son regard aux atrocités qu’on lui montrait mes ses pensées ne parvenaient pas à oublier le cadavre de sa compatriote, son amie, sa petite sœur. Les larmes déferlaient sur son visage sans pouvoir en arrêter le flot. Son esprit naviguait entre les souffrances qu’elle imaginait et la pensée que son Tony pouvait en être le responsable. Cette idée l’horrifiait. Constatant sa stupeur, les policiers lui offrirent un temps de repos. Le lieutenant qui n’avait encore rien dit lui proposa un verre d’eau. L’un et l’autre se voulaient compatissants. Ils devaient s’imaginer qu’elle s’était contenté d’être une complice passive qui ne voulait rien savoir des activités de son homme mais ils comprenaient alors l’ignorance et la naïveté de la jeune femme ce qui en même temps leur offrait un moyen de pression extraordinaire s’ils parvenaient à la mettre de leur côté. Elvira qui était arrivé dans ce bureau presque sereine se trouvait plongée dans un cauchemar qui dépassait de loin tout ce qu’elle aurait pu imaginer. Puis, reprenant un peu de courage, elle se décida à poser cette question qui la hantait :
n Mais dites moi pourquoi s’en serait-il pris à Volodia ?
n Parce que monsieur Tony ne supporte pas qu’on le quitte, cette fille faisait partie de son « cheptel » et vous lui avez enlevé.
n Alors pourquoi ne m’a-t-il rien fait à moi ?
n C’est la question qu’on se pose, vous seule détenez la réponse !
n Vous croyez que…
C’est vrai qu’elle connaissait la réponse. Tony l’aimait follement ! Il ferait n’importe quoi pour elle. Jamais il ne pourrait lui faire le moindre mal, cela lui apparut comme une évidence, le monstre avait un cœur.
n Oui je sais, (reprit-elle) j’ai compris !
n Ah bon ! On aimerait comprendre nous aussi !
n Vous ne pouvez pas, cela vous dépasserait !
n Ah et pourquoi donc (renchérit le capitaine) on est trop con !
n Non ! trop comment dire, trop terre à terre !
n Je vois ! Vous voulez parler d’amour ! Vous pensez qu’on ne sait pas ce que c’est ! pff !
n Si bien sur mais pas de la part d’un truand !
n En effet je ne crois pas votre Tony capable du moindre sentiment ! C’est un homme trop imbus de lui-même et surtout trop égoïste pour être capable de tomber amoureux !
n Détrompez-vous ! Il me m’a prouvé ! Mais jamais je ne lui pardonnerai ce qu’il a fait à Volodia !
n Vous voulez nous aider à le coincer ?
n Ah ! Nous y voilà, c’est donc pour ça que je suis là ! Vous n’en n’avez rien à foutre de mon bordel !
n C’est vrai en ce qui me concerne tu peux te faire sauter par qui tu veux pour du fric, je m’en tape, pas vrai Francis ?
n Bah pareil pour moi (rétorqua le lieutenant) même si je trouve ça con qu’une si belle nana, fasse ce boulot !
n Vous espérez que je vous fasse un prix en disant ça (lui flanqua-t-elle ironiquement)
n Désolé, je ne suis pas intéressé, j’ai ce qu’il faut à la maison !
n C’est ce qu’ils disent tous !
n Bon ça va vous ferez vos transaction à un autre moment (balança le capitaine)
n Que voulez-vous que je fasse ?
n Vous allez lui demander de venir vous voir en prétextant un besoin de protection contre le harcèlement d’un déséquilibré !
n Impossible !
n Pourquoi ?
n A l’heure qu’il est il sait que je suis chez vous !
n Et comment ça ?
n Il me surveille, il a peur pour moi. Il croit que je ne le sais pas mais je m’en suis vite aperçu ses gorilles ne sont pas discrets. Ils changent toutes les deux heures et je vois leur manège en sortant de leur voiture.
n Alors on est foutu, (reprit Lestard)
n Peut-être pas (avança Barsac) je crois avoir une idée !
n Vas y je suis curieux de savoir !
n On va relâcher Elvira, enfin je veux dire mademoiselle. Elle va aller se plaindre à Tony d’avoir des ennuis avec nous, qu’on l’empêche d’exercer tranquillement en lui demandant simplement s’il peut faire quelque chose, ça le forcera à agir. Il va solliciter ses sbires et il suffira de le suivre, le mettre sur écoute et faire suivre ses hommes et on le chope.
n Mais nous n’aurons pas de preuves suffisantes pour l’arrêter, (rétorqua le capitaine)
n Pour ça, je m’en charge (reprit Elvira d’un ton assuré)
n Vous êtes certaine de ne pas craquer ?
n Non !
n Je peux vous poser une question, (dit le lieutenant)
n Si vous voulez !
n Vous l’aimez ? Je veux dire êtes-vous amoureuse ?
n Non !
En son fort intérieur elle savait qu’elle mentait. Il représentait à ses yeux son idéal masculin, son héros en dépit de ce dont on l’accusait, Tony restait son mentor, son ange gardien. Elle se demandait ce qu’elle pourrait faire face à lui, comment elle pourrait résister à son charmant sourire, son regard de prince ébloui, ses gestes de seigneur protecteur à la façon latine, sa voix de prédicateur apaisante. Comme elle l’aimait, tant par reconnaissance que pour le statu où il l’érigeait, faisant d’elle une reine, elle à qui nul ne s’était intéressé avant lui. Ses pensées balançaient entre l’ange et le diable, le chevalier servant et le monstre, le yin et le yang. Ah comme elle aurait aimé que tout cela ne fut pas vrai. Elle aurait voulu penser que ces « salauds de flics » se soient trompés. Pourtant du fond de son être elle savait qu’ils avaient raison. Pourquoi ne le voyait-elle presque jamais alors qu’il l’aimait ? D’où venait sa fortune ? La mort suspecte de Vladimir ! Cette pauvre madame Iris qui lui avait signifié sa liberté avec tant de crainte dans le regard ! Son refus indirect d’aider Volodia ! Et puis se souvenant de l’avertissement de Lise « Méfie toi de lui, ce type est dangereux » que savait-elle donc pour dire cela ? Il fallait se rendre à l’évidence, Tony était un horrible truand et elle devait user de son pouvoir sur lui pour l’empêcher de nuire à nouveau. Comme cela paraissait facile ; dit de cette façon !
n Bon ok ! (reprit-elle) je vais le voir et lui demander son aide, ensuite je vais lui dire que je n’ai pas de nouvelles de Volodia, que je m’inquiète et que j’aimerais qu’il use de ses relations pour savoir où elle est ! Là je verrais bien son attitude.
n Vous croyez que vous y arriverez sans éveiller ses soupçons ?
n Comment croyez-vous que je fasse pour persuader un mec qu’il m’a fait jouir ? Je sais jouer la comédie !
n Ok ! On vous fait confiance, vous aurez un micro !
n Hors de question ! Si j’en ai un je ne serais plus moi-même et il le sentira
n Mais comment ferons nous pour savoir quand intervenir ?
n Ne vous en faites pas ! Je trouverais un moyen !
n Mais comment aurons nous les preuves s’il vous fait des aveux, nous n’aurons rien !
n Vous aurez un micro et une caméra et vous vous tiendrez derrière la sortie des cuisines de chez Dany !
n On dirait que vous pensez à tout !
n Cela fait parti de mon boulot de tout prévoir !
n Bon alors quand !
n Dans une heure derrière chez Dany, vous aurez tout ce que vous voulez !
n Soyez prudente (ajouta le lieutenant Barsac)
n De ça aussi j’ai l’habitude !à tout à l’heure !
En sortant du quai des orfèvres elle aperçut l’un des hommes de Tony. Elle se précipita vers lui et prenant un air affolé et angoissé, elle lui balança :
n Je sais que vous êtes un homme de Tony, ça tombe bien, il faut que je le voie, j’ai de gros ennuis !
n Ah oui ! (balbutia le gros homme, gêné d’être reconnu)
En arrivant dans le café, se moquant des regards qui la dévisageaient, elle se dirigea droit vers Tony et demanda à lui parler dans la réserve. Celui-ci voulut l’entraîner ailleurs prétextant que c’était sale pour sa petite chérie mais elle insista et le bouscula vers la réserve. Là elle vit un tableau effrayant. Un homme trapu aux allures de gorille, flagellait une fille à coups de torchon mouillé. La femme était à genoux, la tête ployée entre les jambes, subissant avec soumission le supplice qu’on lui infligeait.
n Qu’est-ce que c’est que ça ? ( asséna-t-elle)
n Tu ne devrais pas regarder ça !
n Je t’ordonne d’arrêter immédiatement !
n Mais…ne reste pas là ce sont mes affaires !
n C’est ça tes affaires ! Maltraiter des femmes et quoi d’autre ? Torturer ? Tuer peut être ? Trafiquer la drogue, les armes ! Tu es encore pire que ce salaud de Vladimir !
n Qui t’a parlé de tout ça ? Les flics, tu en viens, c’est ça !
n Oui j’en viens et je ne voulais pas les croire ! Tu n’es qu’une ordure, je m’en rends compte maintenant ! Tu me dégoûtes ! Je te prenais pour quelqu’un de formidable, et tu n’es qu’une pourriture !
n Qu’est ce que tu leur as dit aux flics (en levant la main)
n Ah tu vas me frapper aussi moi ? Alors vas-y montre que tu es un homme !
n Attention Elvira, ne me pousse pas !
n Tu n’oses pas ! Reste-t-il encore en toi quelque chose d’humain.
n Attends mon bébé, on va parler tranquillement de tout ça ! Foutez le camp vous tous.
n Et elle, tu en fais quoi ?
n Ça me regarde !
n Moi aussi ! Tu la laisses partir où j’appelle les flics !
n Bon ok ! (s’adressant à la fille)Casse toi sale pute, je n’en n’ai pas fini avec toi !
n C’est ce que je suis aussi pour toi, une sale pute ?
n Non toi tu es mon bébé !
n Qu’as-tu fait de Volodia ?
n De qui ? Je ne la connais pas ta copine moi !
n Ah tu te souviens tout de même que c’est mon amie !
n Ton amie, une petite salope va ! Tu sais qu’elle voulait que je la baise pour prendre ta place, elle était jalouse.
n C’est pour ça que tu l’as tué ?
n Qu’est ce que tu racontes, je ne lui ai rien fait !
n Alors non seulement tu l’as massacré, torturé mais en plus tu oses la salir devant moi !
n Mais je…
n Arrête ! J’ai vu les photos ! C’était déjà pénible de penser que tu avais pu tuer des salauds comme toi mais Volodia mon amie, une fille adorable, innocente qui n’avait jamais fait de mal !
n Il fallait que je montre l’exemple, sinon les autres ne m’auraient plus respecter, d’ailleurs c’est de ta faute, si t une l’avais pris sous tes jupes elle serait sans doute vivante.
n Je l’ai libéré car je savais qu’un autre pourri la rendrait esclave, mais j’ignorais que le pourri c’était toi !
n Tu m’emmerdes tu ne comprends rien aux affaires !
n Non je ne peux pas comprendre qu’on traite des êtres humains de cette façon ! Oh mon Tony, comme je t’aimais toi, j’aurais tout fait pour toi !
n Alors il faut que tu m’aides !
n Non c’est trop tard !
n Pourquoi ? Tu veux dire qu’ils seront bientôt là ?
n Non, moi je suis là !
n Il faut que tu me laisses partir mon bébé. On ira en Amérique du Sud, le pays de ton choix et je changerai de vie, tu verras, j’ai de l’argent !
n Je n’ai rien à foutre de ton fric, c’était toi que je voulais !
n Tu m’auras pour toi tout seul !
n C’est trop tard ! Il faut que tu paies pour tout ça ! Je ne veux plus jamais que des filles soient sous le joug d’un homme, qu’elles soient maltraitées, humiliées !
n Mais ce ne sont que des putes !
n Comme moi !
n Non, pas toi, toi tu es…
n Une femme, comme elles ! Ce sont des filles qui ont quitté leur pays comme toi pour un avenir meilleur et qu’est ce qu’elles ont récolté ? Un salaud qui les persécute ! Tu crois qu’elles avaient mérité ça ?
n Ce sont les affaires, chérie, ce n’est pas moi qui fixe les règles !
n Ecoute un peu ce que tu racontes, tu es si lâche que tu t’abrites derrière des pensifs de vieux gangsters, tu es pitoyable !
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