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Les Textes de Vincent
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Les Textes de Vincent

VIP-Blog de vinny53poesie
  • 45 articles publiés
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  • Créé le : 25/03/2010 19:07
    Modifié : 26/06/2012 15:26

    Garçon (52 ans)
    Origine : la Mayenne
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    [ Les Furtives ]

    Les Furtives : Un parfum de Monoļ

    26/03/2010 14:00



                                                                                         Un parfum de Monoï

     

     

                                                             Dur voyage qui s’éternisait à bord de ce coucou de fortune dont le bruit des réacteurs donnait sans cesse l’impression d’une panne donnant suite à un crash. Jim Stevens, le commandant de bord, sorte de baroudeur Canadien qui s’était exilé en Polynésie, tentait de rassurer ses passagers avec des plaisanteries douteuses, du genre : « Ne vous inquiétez pas, nous sommes lundi et je ne me crache jamais le lundi ». Ou encore « Cet engin est fait pour flotter, alors si on s’écrase sur l’océan vous prendrez juste une gifle sur la gueule ».Christian serrait les fesses, c’était presque son baptême de l’air, en dehors de l’avion qui l’avait amené d’Orly à Papeete, il n’était jamais monté à bord du moindre engin volant. Pourtant il ne négligeait pas la chance qu’il avait d’avoir gagné ce séjour sur l’île de Waïana. Une loterie toute bête en découpant un coupon dans un journal. Il n’avait qu’une chance sur dix mille de remporter le gros lot et voilà que la chance qui jusque là ne l’avait guère favorisé, se présentait à lui. Tout s’était bien déroulé jusqu’au départ de Papeete, ce zinc âgé d’au moins trente ans n’offrait que peu de sécurité, même si le pilote semblait savoir ce qu’il faisait, en ce qui concernait l’engin on pouvait émettre des doutes. C’est alors que se produisit une panne de moteur, Jim Stevens ne s’en émut pas pour autant, il resta calme et enjoué. « Pas grave, il en reste un » lança-t-il avec ironie, « j’ai déjà plané avec mon vieux Georges » comme il aimait à le baptiser. Ensuite il annonça qu’on allait bientôt se poser. L’étendue de macadam qui tenait lieu de piste d’atterrissage semblait sommaire et plutôt accidentée, mais l’homme connaissait par cœur les lieux et il se posa tel un échassier avec grâce et précision. En sortant de là, Christian reprit son souffle en pensant déjà à ce que pourrait être le retour, mieux ne valait pas y penser et profiter de son séjour en toute quiétude. Comme le veut la tradition Polynésienne, des vahinés les accueillaient en les couronnant de colliers de fleurs. Toutes plus belles les unes que les autres, elles s’évertuaient à distribuer des sourires commerciaux mais sincères à ces touristes qui venaient dépenser leur argent dans leurs commerces. Le jeune homme célibataire et timide ne pouvait que se réjouir de toutes ces attentions. Le car qui attendait les passagers les emmena à l’hôtel appelé « Le Vanilla », nom qui pouvait présager de la douceur des lieux. En fait il s’agissait d’un petit hôtel modeste mais accueillant qui compensait sa simplicité par de jolies tapisseries sur les murs et des chambres savamment éclairées de manière filtrée avec des parfums exotiques sans excès. De plus il était bien tenu, et l’hygiène était plus que correcte. En arrivant dans sa chambre, Christian s’affala sur le lit, oubliant totalement le garçon qui venait de lui porte ses bagages et qui tendait vainement la main. Ecrasé par le décalage horaire et les émotions causées par ce vieux « Georges », il sombra dans un profond sommeil.

    Réveillé aux premières heures de la matinée et ne voulant pas perdre un instant de son court séjour, il se hâta de se vêtir après une bonne douche et sans même prendre le temps d’avaler un petit déjeuner, il se précipita vers la plage. Celle-ci semblait déserte, pas un touriste ne venait souiller cette paisible étendue de sable blanc où seul le ressac délicat faisait office de perturbateur. Quelques autochtones parmi les plus jeunes s’exerçaient à glisser sur les rouleaux encore dociles à cette heure. Christian savourait la beauté de ce spectacle qui n’avait rien de commun avec les rigueurs rustiques de son limousin natal. Bien sûr qu’il aimait sa région, ses forêts de châtaigniers aux étendues d’ombres qui drapaient le ciel aux étés les plus cinglants. Ces collines abruptes où les prés d’herbe tendre s’étalaient en tapis de Ray Gras sauvage qu’appréciaient les « Belles de Sarlat » comme les nommaient les vieux paysans quand ils parlaient de leurs vaches élégantes aux cornes majestueuses et longues dressées sur leurs têtes fines arborant fièrement leur robe café au lait. Bien sûr qu’il aimait ces hauts plateaux ouverts tels des assiettes gigantesques offrant un aperçut plongeant sur les couronnes dorées que forment ces reliefs du Massif Central; Mais ce paysage là au vent sucré embrasé d’un soleil caressant, cette mer turquoise aux vagues quasi nacrées dansant aussi joliment que toutes les vahinés, ces arbres aussi droits que les colonnes du Parthénon, allant chercher le ciel pour y percer l’azur, en ombrageant la plage pour tiédir les baigneurs, ce spectacle là le ravissait aussi.

    C’est alors que surgit, venue de la forêt, une sorte de princesse, c’est du moins, ce qu’il crut. Vêtue d’un paréo aux teintes orangées des seins jusques aux cuisses, parée d’une chevelure noire ruisselante jusqu’au bas du dos, de laquelle émergeait une fleur de monoï, les pieds nus à même le sable, ainsi elle apparut. Il crut tout d’abord qu’elle se dirigeait vers lui, mais son illusion fut de courte durée, elle alla directement vers l’un des jeunes surfeurs en pressant le pas. Evidemment, elle ne l’avait même pas remarqué, pourquoi l’aurait-elle fait pensa-t-il ? D’ailleurs elle semblait bien trop occupée à gronder celui qui pouvait être son petit frère pour se soucier de ce touriste très quelconque venu du continent. Elle empoigna la main du garçon, le forçant à la suivre sans discussion. Bon sang ! Songeait Christian, au moins elle a du caractère ! Les deux « enfants » quittèrent la plage ne remarquant ni l’un ni l’autre qu’un regard les visait tout au long de leur parcours. En dépit de sa déception, le jeune homme songeait qu’il avait eu de la chance de profiter à la fois de ce décor paradisiaque et de la beauté de cette jeune « princesse » à la démarche élégante et aux formes enivrantes. Pourtant il s’en voulait de l’avoir tant dévêtu d’un regard de convoitise, mais le dénuement de la jeune femme et l’harmonie de ses courbes généreuses soigneusement mises en valeur par le voluptueux étranglement de son vêtement, ne permettaient pas d’ignorer sa beauté.

    Si sa première nuit n’avait été qu’un long ruban ininterrompu, en revanche la seconde revêtait des allures de voyage en train parsemé de nombreux arrêts en gare. Chaque fois qu’il se réveillait, un visage lui apparaissait, étendant les largesses de sa douceur, de son sourire au regard bienveillant et de son corps nu. Tous ses sens s’enfiévraient, son corps se raidissait et son front suintait de sueur. Il commençait à nourrir un fantasme, sur une jeune femme qu’il n’avait fait qu’apercevoir quelques minutes. La honte l’étreignait. Comment pouvait-il éprouver tant de désir vis-à-vis d’une femme qu’il ne connaissait même  pas. Il se sentit satire, pervers, obsédé, violeur … Il lui fallait coûte que coûte la revoir afin de définir la réalité de ses fantasmes. Se souvenant que bon nombre de fois il s’était vu déçu en rencontrant l’image de ses désirs pour la seconde fois. Il se hasarda à nouveau sur la plage, hélas, celle-ci était déserte. Plus d’enfant jouant avec les vagues et donc plus de sœur pour venir le chercher. Le ciel revêtait son manteau gris fourré de nuages pesants, le vent amenait peu à peu les graines de pluie qui s’épaississaient peu à peu jusqu’à en devenir insupportable au point que Christian s’efforça de chercher refuge dans le premier abri qu’il put trouver. C’était une cabane de gamins désaffectée mais qui offrait l’avantage d’un toit étanche et imperméable. Oubliant sa chemise et son bermuda trempés, Christian s’évada dans ses pensées délicieuses qu’il jugeait malsaines. Son esprit effeuillait ce corps envoûtant, lui parcourait les formes du bout des doigts, se délectant du goût de sa peau, de ses seins, allant même jusqu’à se repaître de ses sillons intimes. La honte lui empourprait le visage, ses mains tremblaient, son front suintait. Comment pouvait-il ? Ce n’était pas la première fois qu’il nourrissait un tel fantasme, mais il ne s’était jamais enfiévré pour une femme bien réelle. Depuis sa rupture avec Sophie, sa compagne d’adolescence qu’il avait gardé jusqu’à ce Noël pénible où la fête s’était transformée en règlement de compte, lorsqu’elle apprit qu’il l’avait trompé un an auparavant avec une étudiante de passage. En dépit des milliers de « pardon » implorés, des genoux à terre, et des « je t’aime » répétés les yeux mouillants, Sophie l’avait abandonné sans concession à son sort de minable infidèle. Par la suite l’amour le dégoûtait, les femmes même ne l’attiraient plus en dehors des créatures sublimes et retouchées des magazines dont s’abreuvent les hommes seuls et désespérés. Pourtant celle qui remplissait ses pensées au point de l’obséder était bien réelle et cela le rendait malade d’angoisse. Comme il souffrait de ne pas la voir à cet instant ! Mais en admettant qu’elle se présente à son regard, que pourrait-il faire ? Et si par on ne sait quel miracle elle lui parlerait, il se sentait incapable de prononcer autre chose que d’incompréhensibles syllabes. « Mon Dieu ! (Pensait-il), suis-je un idiot que de me griser d’une jeune fille à la fois trop belle, trop bien et surtout beaucoup trop jeune pour moi ! »
    Son esprit le torturait, il voulait l’oublier. Non la voir. Non la regarder, l’admirer, la caresser, l’embrasser. Ne surtout pas la voir, l’effacer de ses pensées maladives et salasses. Enfin la voir un peu, sans se faire remarquer, juste pour la beauté de son visage de son corps ! Oui de son corps, c’était surtout cela qui importait ! D’ailleurs avait-il seulement remarqué son visage, ses yeux, la forme de ses joues hâlées, la taille de son nez, la finesse de ses traits ! Oui bien sur que rien de son être ne lui avait échappé, tout en elle semblait parfait. Ce combat de l’émerveillement et du désir n’offrait pas le moindre répit. Il ne se souciait même plus de l’intérêt de son voyage, ni de la chance qui l’avait amené à en arriver là. La pluie avait cessé depuis plus d’un quart d’heure qu’il en était encore à se déchirer d’effroi. Soudain comme un cadeau inattendu, quelqu’un s’approcha de lui et il entendit une voix chaude et belle lui demander :
    n Pardon Monsieur, vous n’avez pas aperçu un garçon de onze ans dans le coin ?
    n Euh !... Non désolé !
    n Bon tant pis ! Je ne sais pas où il est encore parti ce petit crétin !
    n Oh, je peux vous aider à le rechercher ? C’est votre…
    n Mon petit frère, Kévin, il faut toujours qu’il s’enfuie aux heures des repas ! Mais je ne voudrais pas vous déranger !
    n Non ! Je n’ai rien d’autre à faire !
    n C’est gentil, merci ! Vous êtes en vacances ?
    n Oui et non, j’ai gagné un voyage !
    n Ah ! C’est cool, vous venez de Paris ?
    n Non, de Limoges enfin la région !
    n Ah ! C’est où, c’est loin de Paris ?
    n Oui, plusieurs centaines de kilomètres !
    n Ah ok ! Je ne suis jamais parti d’ici et je ne connais rien à part mon île et Papeete !
    n C’est magnifique chez vous, un vrai paradis !
    n Ho ! je suppose que vous avez lu tous les prospectus des agences, mais c’est loin d’être ce qu’on en dit !
    n Ah pourquoi ?
    n On a le soleil et la mer, c’est vrai, mais la vie est très chère et les gens sont pauvres ici et il n’y a presque pas de travail !
    n Alors vous faites quoi pour vivre ?
    n Ben moi, je vais à l’école le matin et après je travaille au marché et puis je fais des ménages chez des riches propriétaires, sinon je m’occupe de mon petit frère mais ça ne rapporte pas d’argent ça !
    n A l’école ? Vous avez quel âge ?
    n Quinze ans pourquoi ?
    n Ah ! je …je vous croyais plus…
    n Vous pensiez que j’avais plus ! Vous me donnez combien ?
    n Dix huit, dix neuf …
    n C’est marrant tout le monde me dit ça !
    Christian se sentit mal. Le fait d’avoir de mauvaises pensées à l’égard d’une femme l’horrifiait déjà mais à la pensée qu’il s’agissait d’une enfant il s’écœurait ! Le surnom de salaud, de monstre pédophile, de violeur d’enfant s‘appliquait à ce qu’il était. Il frissonnait encore en regardait cette jolie fée qui lui parlait en s’allumant du plus beau des sourires, dans un regard étincelé de mille diamants. Il se surprit à respirer, à souffler comme si tout à coup la vertu avait remplacé l’horreur des pensées vagabondes et malsaines. L’écouter, la voir, la savoir à ses côtés devenait alors un bonheur tendre et serein où il faisait bon vivre. Plus rien ne comptait à présent que le souffle caressant d’un alizé nanti de sa tiédeur, le grondement des vagues roulant au travers d’une écume salée, et la présence rassurante et apaisante de cette jeune fille qui lui racontait sa vie simple mais avec ses mots inconscients et légers. Emergeant d’un fourré, Kévin apparut et la jeune fille le gronda comme elle en avait l’habitude. Christian souriait, se détendait, rassuré, il venait de découvrir la joie douce et fragile d’un cœur pur, oubliant presque les contours enivrants qui l’avaient placé dans un tel état.



    FIN






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