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Les Textes de Vincent
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Les Textes de Vincent

VIP-Blog de vinny53poesie
  • 45 articles publiés
  • 5 commentaires postés
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  • Créé le : 25/03/2010 19:07
    Modifié : 26/06/2012 15:26

    Garçon (52 ans)
    Origine : la Mayenne
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    [ Les Furtives ]

    Il est Revenu (pièce de théâtre)

    26/03/2010 20:50



                                                                                 Il est Revenu !


    Pièce en 4 actes de Vincent GENDRON.


    La scène se passe en fin de journée dans l’appartement de la mère d’Aurélie. Aurélie, 25 ans vient de clore la réception. Toutes les personnes qui étaient présentes sont parties. La jeune femme s’affaire aux derniers rangements quand on sonne à sa porte. Elle ouvre et se trouve en présence d’un homme de la cinquantaine, grave et timide. Le silence s’installe pesamment avant qu’elle ne l’invite à entrer.


    Aurélie : Euh ! Ne restez pas là, entrez ! Alors, qu’est ce que vous voulez ? Vous n’êtes pas un démarcheur j’espère parce que ce n’est vraiment pas le jour !

    Franck : Non, non !

    Aurélie : Ben alors, qui êtes vous ? Qu’est ce que vous voulez ?

    Franck : Vous êtes… en deuil ?

    Aurélie : Oui ! Je viens de perdre ma mère.

    Franck : Je suis désolé !

    Aurélie : Vous la connaissiez ?

    Franck : Oui, enfin pour tout dire je l’ai connu il y a longtemps !

    Aurélie : Vous étiez un ami ? Un amant ?

    Franck : En quelque sorte !

    Aurélie : Pourquoi ne vous ai-je pas vu à l’enterrement ?

    Franck : Je n’ai pas osé.

    Aurélie : Ah bon ! Vous auriez du venir !

    Franck : Vous êtes…Aurélie, c’est ça ?

    Aurélie : Oui ! Elle vous a déjà parlé de moi ?

    Franck : Vous lui ressemblez. Quand on s’est connu elle était exactement comme vous. Aussi belle, aussi dure, le même regard, la même voix, la même rage, enfin tout quoi !

    Aurélie : Qui êtes vous au juste ?

    Franck : Oh si je le savais moi-même ! Un pauvre type qui s’est égaré, qui s’est trompé souvent tout en trompant les autres !

    Aurélie : Arrêtez votre baratin ! Dites moi qui vous êtes !

    Franck : Ton père !

    Aurélie : Foutez moi le camp !

    Franck : Attends ! Donne moi juste quelques minutes !

    Aurélie : Pourquoi ? Je n’ai rien à vous dire !

    Franck : Alors écoute moi !

    Aurélie : Oh je vois ! Vous allez me jouer la grande scène du repentir. « Je te demande pardon…j’étais jeune…je ne savais pas ce que je faisais…j’étais stupide… » Vous trouvez ça dans tous les bouquins et le cinéma en est rempli !

    Franck : Non, même pas ! Je n’ai pas la moindre excuse.

    Aurélie : Alors pourquoi êtes vous là ?

    Franck : Peut-être pour me rendre compte de ce que j’ai perdu !

    Aurélie : Pff ! Vous me la jouez misérable maintenant ! Vous pensez que je vais compatir ! Désolé, je suis totalement dépourvue de sensibilité, l’hérédité sans doute !

    Franck : Je n’attends rien de toi !

    Aurélie : Alors tirez vous ! On a assez perdu de temps !

    Franck : C’est vrai ! 24ans c’est une éternité !

    Aurélie : Et oui ! Comme vous le voyez je me suis très bien passée de vous jusque là, il n’y a aucune raison pour que ça ne continue pas !

    Franck : Je n’ai pas la prétention d’être indispensable.

    Aurélie : Qu’est-ce que vous foutez là alors ? Oh je sais vous venez chercher un semblant de pardon, histoire de vieillir plus tranquillement, cela fait mal la culpabilité. Mais ne comptez pas sur moi pour vous en débarrasser !

    Franck : Je crois que tu as raison, je n’aurais pas du venir !

    Aurélie Vous voyez, on fini par tomber d’accord ! Alors salut !

    Franck : Attends !

    Aurélie : Dehors !

    Franck : Ecoute !

    Aurélie : Cassez-vous !

    Franck : Juste une minute !

    Aurélie : Non, adieu !

    Franck : Ok ! Comme tu veux ! Puis-je revenir ?

    Aurélie : Pas question !

    Franck : Un autre jour ?

    Aurélie : Jamais !

    Franck : J’aurais tellement…

    Aurélie : Ah oui ! Quoi donc ?

    Franck : J’aurais voulu t’expliquer…

    Aurélie : Génial ! Un tas de conneries oui !

    Franck : Ce n’est pas aussi facile !

    Aurélie : Mais si au contraire. Un mec se tire en laissant sa femme et sa fille de un an sans donner la moindre nouvelle et se pointe au bout de 24 ans juste après la mort de celle qu’il a fait souffrir. Et moi ta fille je devrais t’accueillir les bras ouverts comme si tu étais parti la veille. Mais dans quel monde tu vis ? Fous le camp connard ! Ne remets plus jamais les pieds ici (elle pleure)

    Franck : Bon je m’en vais, j’aurais du appeler ou écrire, je suis désolé. J’essaierai de t’écrire.

    Aurélie : Pas la peine, on s’est tout dit !

    Franck : Ne me juge pas ! Les choses ne sont pas toujours comme elles semblent.

    Aurélie : Quoi encore ? On t’a forcé la main ? T’étais en tôle ? Malade ? Amnésique ? Dans le comas ? Qu’est-ce que tu vas inventer ?

    Franck : Je n’ai aucune excuse, je suis un lâche, un salaud, tout ce que tu veux et je mérite ton mépris. C’est con mais j’ai cru que…

    Aurélie : Qu’on allait faire comme si de rien n’était ? On s’embrasse, on oublie tout ! Oh mais tu hallucines grave là ! Tu t’es trompée de maison !

    Franck : Je pensais qu’on allait au moins discuter, échanger nos points de vue, faire connaissance quoi !

    Aurélie : Ah ! Ben voyons, c’est tellement facile !

    Franck : Tu as raison, je suis vraiment trop con !

    Aurélie : Je ne te le fais pas dire, allez tire toi d’ici avant que je ne te…

    Franck : C’est vrai que tu lui ressembles !

    Aurélie : Pauvre type ! T’es vraiment minable !

    Franck : Au revoir !...Aurélie. (Il la regarde un moment et referme la porte)
    (Aurélie se jette sur le canapé en sanglotant) (Quelques minutes après on sonne à nouveau, c’est lui qui revient)

    Aurélie : Qu’est ce que tu veux ?

    Franck : Excuse moi je suis en panne, je peux téléphoner ?

    Aurélie : Le portable ça existe ! Ok ! Vas y !

    Franck : As-tu les pages jaunes ?

    Aurélie : Tu ne veux pas que je mette les mains dans le cambouis aussi ? Tiens ! (En lui tendant l’annuaire)

    Franck : (Après quelques secondes de recherche) Oui ! Bonjour, c’est le garage Raveau ? J’aurais besoin d’être dépanné, je suis garé dans … (s’adressant à Aurélie) on est où là ?

    Aurélie : Rue du 8 Mai !

    Franck : Tiens comme toi !

    Aurélie : Quoi ?

    Franck : Le 8 Mai c’est ta date de naissance…

    Aurélie : Pas en 45 !

    Franck : (au garagiste).du 8 Mai c’est ça, dans combien de temps, une heure (en la regardant) bon tant pis je vais attendre alors, à tout de suite (il raccroche)

    Aurélie : Tu t’en souviens ?

    Franck : Du 8 Mais 45 ? Pas vraiment non !

    Aurélie : De ma naissance.

    Franck : Tu avais les cheveux épais tout noir. On a eu peur, tu ne voulais pas crier, il t’en a fallu du temps. Je revois ton grain de beauté au dessus du nombril et l’autre sur la fesse droite. Ton visage était bien formé, tu ne ressemblais pas à ces bébés difformes et plissés. Je n’avais rien vu de plus merveilleux !

    Aurélie : Apparemment, ça ne t’a pas manqué !

    Franck : Oh si ! Tous les jours !

    Aurélie : Bravo ! J’ai failli y croire !

    Franck : Pourtant je peux t’assurer qu’il ne s’est pas écoulé un seul jour sans que je ne pense à ta petite frimousse, tes premiers pas.

    Aurélie : Tu n’étais déjà plus là quand j’ai commencé à marcher ! J’avais 13 mois.

    Franck : Non, tu as marché à 9 mois et demi, tu semblais si pressée d’être autonome

    Aurélie : Maman m’a pourtant dit que…

    Franck : Sans doute pour éviter d’évoquer mon souvenir, c’est moi qui te tenais quand tu as lâché ma main pour explorer l’univers de la maison.

    Aurélie : Tu l’as lâchée pour de bon peu de temps après !

    Franck : Je ne l’ai pas décidé.

    Aurélie : Tu oses prétendre que c’est elle qui t’a chassé ?

    Franck : Je n’ai pas dit ça !

    Aurélie : Alors explique !

    Franck : On ne s’entendait plus, c’était des cris, des engueulades tous les jours !

    Aurélie : Pourquoi ne pas divorcer ?

    Franck : Nous n’étions pas mariés !

    Aurélie : Mais ! Elle m’a toujours dit que… Du moins je pensais…

    Franck : Elle n’a jamais voulu. La suite lui a donné raison !

    Aurélie : Et moi dans tout ça ?

    Franck : Nous t’aimions tous les deux, mais il fallait qu’on se sépare.

    Aurélie : Alors tu t’es tiré comme ça, sans te soucier de ce que je devenais.

    Franck : Oui j’ai foutu le camp comme un lâche un soir où ses cris et ses reproches me fatiguaient plus qu’à l’habitude.

    Aurélie : Mais après ? Tu ne pouvais pas revenir, prendre de mes nouvelles ?

    Franck : J’avais honte !

    Aurélie : Tu avais honte ! Tu veux dire que j’ai passé toute mon enfance sans père parce que tu avais honte ? Chaque fois que mes copines se plaignaient de leur père trop autoritaire ou trop envahissant je les enviais, en faisant croire le contraire. Que je me sentais libre, que ma mère était cool. Le soir c’était maman qui me racontait des histoires au bord du lit. C’était elle qui me faisait réciter mes leçons. C’est à elle que je confiais mes chagrins d’amour, mes soucis, mes conflits. Et plus tard quand elle s’est rendue compte que je ne gardais pas un petit ami plus de 2 jours, je lui ai expliqué que je ne faisais pas confiance aux garçons. Et maintenant encore je ne peux pas garder un mec, j’ai peur de m’attacher et le voir s’en aller. Et tu me dis que tu n’as pas osé prendre de mes nouvelles parce que tu avais honte ! Pas un seul cadeau d’anniversaire ou de Noël, pas une seule carte, pas un coup de fil. C’est maintenant que tu devrais avoir honte. Pauvre minable !

    Franck : Tout ne s’est pas passé comme tu le dis. J’étais lâche, c’est vrai, mais chaque fois que j’ai appelé elle me raccrochait au nez.

    Aurélie : Tu vas me dire aussi qu’elle a brûlé tes lettres !

    Franck : Non, je n’arrivais pas à t’écrire. Petite tu n’aurais pas su les lire et après je ne savais plus quoi dire ou comment le dire. C’est bête, je sais, mais comment expliquer à une petite fille qui nous a oublié qu’on l’aime, qu’on pense à elle et qu’on a peur de venir la voir.

    Aurélie : En somme tu te donnes le beau rôle ! Maman était la mégère et toi la victime privée de son droit parental !

    Franck : Non, ta mère a toujours été exemplaire : dévouée, attentionnée, énergique et capable de faire mille choses en même temps. Elle me reprochait juste de ne pas pouvoir en faire autant. Je ne suivais pas. Etre chômeur, père incapable d’exercer un vrai métier, de cuisiner, de tenir un balai. D’ailleurs je n’ai jamais compris ce qui l’avait séduite chez moi, j’étais incapable et elle a du s’en rendre compte trop tard.

    Aurélie : Et on remet les violons !...

    Franck : Non je te jure ! Je me noyais dans un verre d’eau !

    Aurélie : Mais je m’en foutais moi ! Je t’aurais aimé, tu étais mon papa, et j’avais besoin de toi, de ta présence, de ta main, de ton regard, de ton écoute. Tout cela m’aurait suffi.

    Franck : J’ai du penser que ce serait mieux pour toi, je n’étais pas un bon modèle masculin.

    Aurélie : Tu as préféré que je n’en n’aie pas du tout ! J’ai du m’en passer, puisque ma seule référence dans le domaine c’était un salaud qui m’avait abandonné.

    Franck : En ce temps là tout me faisait peur.

    Aurélie : Peut être mais par la suite ?

    Franck : Tu sais plus le temps passe et plus on pense qu’il est trop tard. J’ai cru que ta vie était tracée sans moi, que tu m’avais oublié.

    Aurélie : Comment pouvais-tu penser ça ? Moi je te rêvais, je t’imaginais dans des voyages, des aventures terribles. Je t’inventais une vie trépidante où tu étais prisonnier d’une tribu inconnue qui te retenait loin de moi. Que tu étais une sorte d’espion tenu au secret qui ne pouvait plus vivre auprès des siens, pour les préserver de tous dangers. Ou bien que tu avais pris la fuite pour échapper à d’horribles personnages !

    Franck : Bien sur, c’était mieux de faire de moi un héros, la réalité était si médiocre !

    Aurélie : Au contraire ! Le mieux aurait été que tu sois là ! Je ne voulais pas d’un héros mais d’un père, celui que tu aurais du être. Au fait tu m’as bien dit que c’est toi qui me faisais marcher ? Cela prouve bien que tu savais t’occuper de moi.

    Franck : Oh ! Si mal !

    Aurélie : Mal vaut mieux que pas du tout. Qu’est ce que tu crois ? Que les autres pères sont parfaits ? Qu’ils savent toujours faire ce qu’il faut quand il le faut ? Qu’ils sont tous justes ? Attentionnés ? Proches ? Non, mais ils sont auprès de leur enfant au moins.

    Franck : Les absents ont toujours tort, je sais !

    Aurélie : Oui ! Au moins tu aurais appris à me connaître, à savoir mes besoins, je t’aurais appris à devenir un bon père, tu m’aurais appris à devenir ta fille, on aurait grandi ensemble. On aurait découvert la vie, tu m’aurais protégé !

    Franck : De quoi ? J’avais peur de tout !

    Aurélie : Mais ensemble on aurait été plus fort !

    Franck : Ma fille, tu es plus adulte que je ne le serais jamais !

    Aurélie : J’ai bien été obligée de le devenir, sans toi ! Et puis ne m’appelle pas « Ma Fille » tu en as perdu le droit dès lors que tu m’as abandonnée.

    Franck : Je ne l’ai sans doute jamais mérité.

    Aurélie : Pauvre con ! Tu t’es toi-même retiré ce droit. Tu ne peux t’en prendre à personne d’autre qu’à toi !

    Franck : Je ne prétends pas le contraire, je suis trop nul !

    Aurélie : C’est facile, cela te sert de parapluie ! « Je suis nul, ainsi je suis couvert pour toutes mes lâchetés » Tu te crois absous, ta nullité est un rempart contre tout effort ! Mais cela ne marche pas ! Essaie de faire face au moins une fois dans ta vie, ta nullité n’est qu’une excuse bidon ! Tu t’imagines que les autres n’ont jamais peur, qu’ils sont plus forts et plus surs que toi ? Personne n’est assuré de réussir en tant que père, ni que fille ! Mais pour moi le meilleur des pères eut été celui qui m’aurait tenu la main. Celui qui m’aurait apprit le monde : la nature, le ciel, les étoiles, l’océan, les gens. Comment s’adresser à eux, comment être aimable, ce que je pouvais attendre d’eux. J’étais si sauvage et je le suis resté.

    Franck : Je ne savais rien de tout cela !

    Aurélie : Nous l’aurions appris ensemble, j’aurais su dans ton regard, j’aurais compris. Nous aurions tant appris l’un de l’autre, nous nous serions Aimé. Aujourd’hui, par exemple, pendant qu’on plaçait maman en terre, tu m’aurais serré la main, j’aurais eu un peu moins mal, j’aurais été plus forte.

    Franck : Qui l’a fait ?

    Aurélie : Personne, j’ai pris sur moi, comme chaque fois où j’ai éprouvé une douleur, un chagrin, un mal indicible. Toute faiblesse m’est interdite. J’ai appris à survivre avec ça, tu m’auras au moins enseigné cette vertu !

    Franck : Dans ma vie, je me suis toujours trompé. Ma plus grande erreur a été de faire un enfant.

    Aurélie : Ta plus grande erreur a été la fuite. Je n’ai peut être pas demandé à naître mais j’étais en droit d’avoir un père.

    Franck : Un autre, sans doute !

    Aurélie : Toi ! J’avais seulement besoin de toi !

    Franck : Je suis un vrai con !

    Aurélie : Aujourd’hui, je ne sais pas puisque je ne te connais pas, mais hier sûrement !

    Franck : Toi tu es quelqu’un de bien en tous cas, malgré moi.

    Aurélie : Il faut croire que maman a fait du bon boulot, puisqu’elle a du se débrouiller seule.

    Franck : Tu veux dire que …

    Aurélie : Si elle a eu un autre homme, non jamais, elle s’est consacrée uniquement à moi et à son travail, pas de place pour qui que ce fut d’autre.

    Franck : Tu crois que c’est à cause de moi ?

    Aurélie : Assurément ! Elle t’aimait !

    Franck : Quelle connerie ?

    Aurélie : Quoi ? Son amour ?

    Franck : Non ! Ma lâcheté, mon départ, mon absence.

    Aurélie : T u l’aimais, toi ?

    Franck : Comme un fou !

    Aurélie : Et c’est pour ça que tu l’as quittée !

    Franck : Je te l’ai dit, je …

    Aurélie : Oui je sais tu étais fatigué, trop lâche, au chômage… etc.…Au fait, tu as un boulot maintenant ?

    Franck : Oui, j’ai racheté une petite librairie depuis quelques années, mais je vais bientôt déposer le bilan.

    Aurélie : Décidément ! Pourquoi une librairie ?

    Franck : Oh comme ça, une occasion qui s’est présentée, et puis j’ai toujours aimé les livres, la lecture.

    Aurélie : Ah bon ! Cela doit être dans nos gênes !

    Franck : Toi aussi, tu aimes lire ?

    Aurélie : Tellement que j’en ai fait mon métier, mais je ne suis qu’une petite employée.

    Franck : Oh je suis persuadé que tu deviendras quelqu’un d’important !

    Aurélie : Je ne sais pas de quoi j’ai envie. Les autres veulent toujours épater, leur père, le rendre fier d’elles.

    Franck : Moi je le serai toujours !

    Aurélie : Mais toi tu n’es pas Mon Père, tu es …personne !

    Franck : C’est vrai.

    Aurélie : Tu ferais mieux d’aller voir ce que fait ton mécano ! Ce doit être l’heure.

    Franck : Oui ! Il est l’heure ! J’y vais !
    (Il revient quelques minutes après)

    Aurélie : Que veux tu encore ?

    Franck : Il a du emmener la voiture, il doit en avoir pour deux heures de travail, c’est …l’allumage.

    Aurélie : Il n’a pas pu t’emmener ?

    Franck : Euh non ! Je lui ai dit que j’attendrais chez toi, ça ne te dérange pas ?

    Aurélie : Justement si ! Alors tu prends un taxi et tu vas attendre là bas ou dans un café enfin où tu veux mais surtout pas ici !

    Franck : Désolé !

    Aurélie : Arrête d’être désolé sans cesse, c’est moi qui suis désolée d’avoir un père lamentable

    Franck : Quoique je dise, j’ai toujours tort, c’est ça ?

    Aurélie : Tout ce que tu pourras dire ne changera rien à ton passé « glorieux ». Alors sors d’ici et ne reviens plus jamais, tu m’entends plus jamais, pour de bon cette fois-ci !

    Franck : Tu me détestes ?

    Aurélie : Même pas, je t’ignore, pour moi tu es inexistant. Tiens (elle lui balance un billet) pour ton taxi, tu serais capable de me dire que tu es fauché, mais c’est tout ce que tu auras de ma part, c’est tout ce que tu vaux !

    Franck : Je ne veux pas de ta charité ! Adieu !
    (Il ouvre la porte, contemple sa fille alors qu’elle lui tourne le dos, puis sort)
    (Elle se retourne et se précipite vers la porte, s’apprêtant à le rappeler dans l’escalier, hésite, puis rentre en refermant la porte.

    Fin de l’Acte I








































    Acte 2

    Une heure environ s’est écoulée depuis le départ de Franck. Aurélie, assise sur le canapé téléphone au garagiste.

    Aurélie : Allo ! Je suis bien au garage Raveau…vous avez dépanné un client il y a environ une heure dans la rue du 8 Mai…oui…Monsieur Tusseau...Franck c’est bien ça…il est encore chez vous ?...je suis …sa fille Aurélie…un message ?...oui, dites lui que je l’attends…chez moi
    (Elle repose le combiné en se demandant si elle a eu raison) (Elle se relève et range par ci par là pour se donner une contenance. Elle fouille un peu partout, s’attarde à la fenêtre comme pour guetter son arrivée puis appelle sa meilleure amie)

    Aurélie : Sylvaine ! Je crois que je viens de faire une connerie !... oui avec un mec…mon Père…il est venu chez moi ce soir…oh des tas de conneries sur sa lâcheté, ses remords, ma mère, tout ça quoi !...je ne sais pas…je crois qu’il voulait simplement me connaître…pourquoi ?...tu crois qu’il veut quelque chose ? …il semblait sincère !...je l’ai chassé comme un voleur sans même lui laisser la moindre chance de se défendre !...je viens de le rappeler…je ne sais pas si j’ai bien fait !...j’espère que tu as tort !...j’ai envie…j’ai besoin de le connaître…Sylvaine, je viens de perdre ma mère !...et s’il voulait rattraper le temps perdu !..Mais …c’est mon père !...je dois en avoir le cœur net !...il faut que je lui donne une seconde chance !...tu ne peux pas comprendre !...si tu l’avais vu…je crois qu’il souffre…mais c’est mon père, j’ai besoin de lui !...laisse tomber, tu ne comprends rien !...Non ! (Elle raccroche brutalement)
    (A ce moment on sonne à la porte, c’est Franck)

    Aurélie (en ouvrant la porte) Entre ! Assieds-toi !

    Franck : Alors, tu voulais me voir ?

    Aurélie : Je tenais à m’excuser pour ma conduite de tout à l’heure !

    Franck : Tu avais de bonnes raisons mais je te remercie, ça me touche vraiment !

    Aurélie : Je t’ai fait venir pour avoir des explications. Je n’arrive pas à comprendre.

    Franck : Il n’y a pas grand-chose à expliquer. J’ai fui et je me suis tu pendant 24 ans, que puis je ajouter ?

    Aurélie : N’as-tu jamais eu envie d’essayer de me joindre ?

    Franck : Si ! Bien des fois ! Si tu savais le nombre de fois où j’ai fait le numéro et je raccrochais aussitôt.

    Aurélie : Alors, pourquoi maintenant ? Pourquoi juste après la mort de maman ?

    Franck ! La peur, toujours !

    Aurélie : Tu avais peur d’elle ?

    Franck : Pas vraiment, plutôt de son intransigeance, ses jugements téméraires, sa violence.

    Aurélie : Sa violence ?

    Franck : Oh rassure toi, pas dans les actes mais dans ses mots, ses intonations.

    Aurélie : Ah ! Je vois ! Comme moi quoi !

    Franck : Un peu oui !

    Aurélie : Elle n’était pas très facile, mais son enfance a laissé des traces. Il semble que les femmes de cette famille soient condamnées à l’abandon parental.

    Franck : C’est vrai, j’avais oublié, l’abandon de sa mère, son père qu’elle n’a jamais connu. Elle a du me considérer comme un monstre !

    Aurélie : Je ne sais pas, elle ne me parlait jamais de toi.

    Franck : Pour te préserver sans doute !

    Aurélie : Et se préserver en même temps ! Elle devait tant assumer !

    Franck : À ce propos, je ne t’ai pas demandé comment tu allais.

    Aurélie : Cela t’intéresse ?

    Franck : Evidemment ! Tu viens de perdre ta mère, tu dois avoir besoin d’en parler !

    Aurélie : Tu es vraiment la dernière personne avec qui j’ai envie d’en parler !

    Franck : Alors pourquoi m’as-tu fait venir ?

    Aurélie : Tu n’as toujours pas répondu à ma question. Pourquoi es-tu revenu, là, maintenant ?

    Franck : J’ai pensé naïvement que tu aurais besoin de mon aide.

    Aurélie : Maintenant ? Tu ne trouves pas que c’est un peu tard ? D’ailleurs comment as-tu su pour maman ?

    Franck : Je suis tombé par hasard sur la rubrique nécrologique d’un journal.

    Aurélie : Et tu t’es souvenue que tu avais une fille ?

    Franck : C’est ta façon de voir les choses !

    Aurélie : Comment veux-tu que je le voie ? Après 24 ans tu reviens uniquement parce qu’elle est morte ?

    Franck : J’ai toujours pensé à toi mais en sachant que tu avais perdu ta mère j’ai voulu te réconforter.

    Aurélie : Ah ! Et tu crois que je vais avaler ça ? Je ne suis plus une petite fille naïve !

    Franck : Pourquoi serais-je là sinon, si ce n’est pour toi ?

    Aurélie : C’est ce que j’aimerais savoir. Je ne sache pas qu’elle possédait des biens ni une assurance vie, alors je me demande !

    Franck : Quoi ? Tu sous entends que je serais là dans un but intéressé ? Comment peux-tu !..

    Aurélie : Mais je ne te connais pas moi ! Que puis-je imaginer ?

    Franck : Si c’est vraiment ce que tu crois il ne fallait pas me demander de revenir !

    Aurélie : J’ignore tout de toi et ton retour si soudain ne peut qu’éveiller des soupçons.

    Franck : Tu as raison !

    Aurélie : Tu n’es pas là que pour moi alors !

    Franck : Non ! Tu as raison de t’inquiéter. Après tout je ne suis qu’un étranger et mon passé ne plaide pas en ma faveur.

    Aurélie : Ton passé ! Quel passé ?

    Franck : Tu sais quand j’étais seul, paumé, il m’est arrivé de faire un peu n’importe quoi pour survivre. J’ai volé !

    Aurélie : Ah bravo ! Qu’as-tu fait encore d’inavouable ? Violer ? Tuer ?

    Franck : Bien sur que non ! J’ai volé un peu de nourriture parce que j’avais faim.

    Aurélie : Tu as connu la faim ? Le froid ?

    Franck : C’est vieux tout cela ! Rassure toi je m’en suis sorti grâce à des gens biens, des amis.

    Aurélie : Tu as des amis ? Une femme ? Des enfants ?

    Franck : Des amis, oui ! Des femmes de temps en temps, mais aucun autre enfant.

    Aurélie : Tu vis où ?

    Franck : En Bretagne, dans un joli coin et je ne manque de rien ou presque.

    Aurélie : Je ne comprends pas ce que tu fous là !

    Franck : Tu m’as bien demandé de venir ?

    Aurélie : Oui mais avant ?

    Franck : En fait j’ai honte de dire ça mais je craignais que ta mère m’empêche de te voir, c’est pour ça que je ne suis là que maintenant

    Aurélie : Tu aurais pu me donner rendez-vous ailleurs ! Et puis comment savais-tu que je vivais toujours chez maman ?

    Franck : J’ai mes sources !

    Aurélie : Tu veux dire que tu m’espionnais ?

    Franck : Non ! J’ai juste eu quelques indications.

    Aurélie : Tu m’as fait suivre ?

    Franck : Euh !… un peu

    Aurélie : Oui ou Non ?

    Frank : Pas comme tu crois !

    Aurélie : As-tu engagé quelqu’un pour me suivre ?

    Franck : Oui.

    Aurélie : Espèce de salaud ! Dégage d’ici !

    Franck : Mais… je devais savoir ce que tu devenais !

    Aurélie : Tu n’as jamais pensé à venir toi-même ?

    Franck : Tu crois que c’était facile ! Fallait que je sache comment je pouvais t’aborder. Tenter de voir comment tu vivais et s’il existait une petite place pour moi dans ton existence.

    Aurélie : C’est minable !

    Franck : Peut-être mais c’est la seule façon que j’ai trouvé pour me préparer à cette rencontre.

    Aurélie : Pff ! …Quel idiot ! (Elle esquisse un rire)

    Franck : Waw ! C’est la première fois !

    Aurélie : La première fois ?

    Franck : Que tu me souris !

    Aurélie : Je ne souris pas !

    Franck : Bon, je n’ai rien dit !

    Aurélie : Je crois qu’il est temps que tu partes !

    Franck : Comme tu veux ! Si je comprends bien entre nous le courant ne passera jamais !

    Aurélie : Comme tu le dis ! Ce n’est pas de mon fait !

    Franck : Je ne t’en fais pas le reproche ! Je me contente de le déplorer !

    Aurélie : Tu devras vivre avec ça. Tu t’es bien passé de moi jusqu’à présent, alors continue !

    Franck : Ne ferme pas complètement la porte, laisse nous au moins une petite chance !

    Aurélie : Tu veux surtout que Je Te laisse une chance ! Parce que moi je n’en n’ai plus rien à foutre !

    Franck : Bien sur, on ne peut pas rattraper le temps perdu mais on peut essayer de créer un semblant de lien.

    Aurélie : Pour ma part je n’ai absolument pas besoin de toi !

    Franck : Tu ne peux pas prétendre cela. Je sais que tu ne le penses pas, je le sens !

    Aurélie : Ah bon ! Qu’est qui te permets de le penser ?

    Franck : Tout en toi le montre !

    Aurélie : C’est vrai que tu me connais parfaitement ! Etant donné le temps que tu as passé avec moi !

    Franck : Il n’est pas nécessaire de passer beaucoup de temps avec une personne pour deviner ses sentiments.

    Aurélie : Ah bon et quels sont mes sentiments, monsieur le super psychologue ?

    Franck : La colère, la douleur, le chagrin, la rage, tout le contraire de l’indifférence ! Je vois aussi la peur de souffrir. J’aimerais te convaincre de ma sincérité, de mon amour pour toi, de mon envie qu’on soit un peu comme des amis.

    Aurélie : De l’Amour ? De grâce, n’emploie pas des mots dont tu ignores le sens ! Quand à ton amitié tu sais où tu peux te la mettre ! D’une certaine façon je crois en ta sincérité, mais tu dois être bien naïf pour croire que tu peux à nouveau jouer les « papa » comme si tu m’avais quitté depuis un an.

    Franck : Je ne pense pas en effet qu’on puisse tout redémarrer d’un seul coup, mais cela peut se faire petit à petit. On peut tisser un lien progressivement. Accepte déjà de me revoir ! On peut s’appeler, passer des petits moments ensemble. Si tu es honnête avec toi-même tu vas te rendre compte qu’on en a besoin autant l’un que l’autre. Je ne peux pas balayer toutes ces années de souffrances ni effacer mes fautes passées. Mais permets moi de t’offrir autre chose.

    Aurélie : Et quoi par exemple ?

    Franck : Mon soutien, mon attention, un peu de cette présence qui t’a tellement fait défaut.

    Aurélie : Je ne le crois pas ! Tu vas aussi m’emmener au bac à sable et me pousser sur la balançoire ! Et pendant qu’on y est tu vas souffler sur mes petits bobos ! Mais ceux que j’aie ne peuvent pas disparaître sous le souffle magique d’un papa.

    Franck : Dans ce domaine, il n’existe pas de remède miracle, j’en conviens ! J’ai commis des erreurs, des fautes même, oui c’est vrai. Considère que je me suis comporté comme un salaud, si tu veux. Mais admets que tout le monde peut changer et s’améliorer avec le temps. N’as-tu jamais commis une seule erreur dans ta vie ?

    Aurélie Bien sur que j’en ai commises, des dizaines, des centaines peut être, mais elles n’ont jamais blessé personne !

    Franck : Qu’en sais tu ? On fait tous du mal à ceux qu’on aime sans s’en rendre compte, et on ignore souvent la portée de nos actes !

    Aurélie : Magnifique ! Après le psy le philosophe, et après tu vas me jouer quoi ?

    Franck : Tu peux user de sarcasmes tant que tu veux, tu peux même m’insulter, me cracher dessus si ça te chante mais tu ne résoudras pas ton problème.

    Aurélie : Parce que j’ai un problème Moi ?

    Franck : Oui ! Tu ne sais pas pardonner et tu penses être la seule à souffrir de cette situation.

    Aurélie : Dis donc monsieur le nouveau sage, si tu souffres c’est à toi seul que tu le dois, moi je n’ai rien à me reprocher.

    Franck : En ce qui concerne mon départ, c’est certain, mais pour ce qui est de renouer les liens je ne peux pas dire que tu y mettes vraiment du tien.

    Aurélie : Mais je rêve ! Tu me colles ça sur le dos à présent !

    Franck : Tu vois comment tu es ! Toujours cette façon de détourner la situation, quelle mauvaise foi !

    Aurélie : Ce doit être l’héritage paternel hélas !

    Franck : A quoi bon discuter ! Tu ne veux faire aucun effort.

    Aurélie : Parce que c’est à moi d’en faire !

    Franck : Bon ça suffit ! Arrête de te conduire comme une gamine, nous sommes adultes, raisonnons en adulte.

    Aurélie : Parce que tu sais ce qu’est un adulte toi qui a passé ton temps à fuir, avoir peur de tout, ne jamais rien assumer ?

    Franck : Ma démarche devrait te prouver que je le suis devenu !

    Aurélie : Au bout de 24 ans ? On ne peut pas dire que tu sois précoce dans le genre.

    Franck : Certains ne le deviennent jamais !

    Aurélie : Tu as raison, il aurait été préférable que tu ne le deviennes jamais, ça t’aurait évité de revenir !

    Franck : Cela te fait tant souffrir que je sois revenu ?

    Aurélie : Souffrir moi ? Tu rigoles, je n’en n’ai strictement rien à foutre !

    Franck : Ma pauvre chérie ! Je ne sais pas qui de nous deux est le plus paumé ! En revanche je sais qu’on peut s’apporter beaucoup l’un l’autre.

    Aurélie : Alors là je te le répète, je peux très bien vivre sans toi, j’ai grandi sans père, je suis devenue femme sans père alors maintenant il est bien temps de venir jouer ton rôle. Remarque je comprends que tu te sentes coupable, mais rassure toi je gère, ça va très bien par contre tu peux toujours consulter un psy, mais ne compte pas sur moi pour te soulager du poids de la culpabilité !

    Franck : Crains tu à ce point de blesser ton ego, qu’il te faille feindre l’indifférence ?

    Aurélie : Holà, monsieur emploie les grands mots. Mais ego pour ego entre moi qui frime soit disant et toi qui n’as jamais osé remettre les pieds ici par honte ou je ne sais quoi , dis moi qui a l’ego le plus démesuré ?

    Franck : Ce n’était pas une question d’ego et puisque tu veux disserter sur le sujet, sache que je craignais de te faire plus de mal en revenant qu’en me faisant oublier.

    Aurélie : Explique moi alors pourquoi tu as fini par revenir.

    Franck : J’ai su que tu avais perdu ta mère et j’ai pensé qu’avoir ton autre parent à tes côtés te soulagerait un peu.

    Aurélie : Trop fort ! Le coup du mec qui retrouve son rôle parental pour compenser la perte de l’autre parent, excellent, tu as du la creuser celle-ci !

    Franck : Tes sarcasmes ne te préserveront pas car ce n’est pas moi ton ennemi !

    Aurélie : Ah oui ! Alors qui donc ?

    Franck : Tu le sais très bien c’est toi-même. Tu ne peux pas continuer à t’endurcir pour te protéger, il existe un moment où tu dois avoir confiance enfin.

    Aurélie : A qui puis-je faire confiance, à toi ? Sûrement pas !

    Franck : Et pourquoi pas ?

    Aurélie : Tu rigoles ? Tu ne m’as donné que des raisons de me méfier ! La confiance ça se gagne et toi tu es loin d’avoir gagné la mienne !

    Franck : Je suis d’accord mais pour gagner ta confiance, j’ai besoin que tu y mettes un peu du tien !

    Aurélie : Ben tiens ! Tu veux que je t’ouvre les bras pendant qu’on y est !

    Franck : Je croyais que tu étais adulte mais écoute toi tu te conduis comme une petite ado capricieuse !

    Aurélie : Ben tu vois, je suis restée bloquée à l’adolescence, ton absence m’a empêchée d’évoluer !

    Franck : Bon là ça commence à bien faire je veux bien endossé toutes les fautes mais ne te déresponsabilise pas parce que ça t’arrange, assume toi il est temps !

    Aurélie : C’est ça engueule moi maintenant !

    Franck : Ta mère ne l’a peut-être pas assez fait !

    Aurélie : Je ne te permets pas de critiquer maman ! Elle était là elle au moins !

    Franck : Cela ne fait pas d’elle une sainte !

    Aurélie : Je n’ai jamais prétendu qu’elle l’était, mais je n’ai rien à lui reprocher quant à mon éducation, je ne peux pas en dire autant de toi !

    Franck : Tu ne trouves pas qu’on tourne en rond là ! Il serait temps d’avancer ! Si on tentait de se connaître un peu !

    Aurélie : Pourquoi faire, je n’ai pas la moindre envie de te connaître !

    Franck : Dis plutôt que tu as peur ! Et si je n’étais pas aussi moche que tu le voudrais !

    Aurélie : Tu t’entends là, mais c’est vraiment n’importe quoi !

    Franck : Bon là je renonce, je crois que ça ne marchera jamais !

    Aurélie : Quoi donc ?

    Franck : Nous deux !

    Aurélie : Parce que tu compares une relation père fille à une machine !

    Franck : Bien sur que non ! Tu as toute les mauvaises foi du monde toi !

    Aurélie : J’en ai des défauts hein !

    Franck : Heureusement sans quoi je désespérerais d’être ce que je suis !

    Aurélie : En fait tu voudrais bien revenir en arrière comme si tu n’étais jamais parti. Tu serais le bon papa proche de sa petite fille chérie, tout doux, attentionné ! Mais voilà tu t’es conduit comme un salaud et ta fifille ne veut plus te voir, c’est con hein !

    Franck : Aurélie, on risque de passer tous les deux à côté de quelque chose. Je ne veux pas que tu aies à le regretter plus tard !

    Aurélie : Tu veux dire, si tu meurs ! Tu peux crever, je n’aurais pas le moindre remord d’être passé à côté de quelque chose comme tu dis !

    Franck : Bon je vois que tu n’es pas prête !

    Aurélie : Prête à quoi ?

    Franck : A ce qu’on fasse connaissance, qu’on commence un semblant de relation, quelque chose quoi !

    Aurélie : Pff ! Tu peux rêver mon vieux !

    Franck : Alors je ne comprends pas !

    Aurélie : Qu’est ce que tu ne comprends pas ?

    Franck : Je ne comprends pas pourquoi tu m’as fait revenir !

    Aurélie : Oh ! J’avoue que je ne le sais plus moi-même !

    Franck : Qu’est ce qui s’est passé entre ton coup de fil et mon arrivée ?

    Aurélie : Que veux-tu qu’il se soit passé ?

    Franck : Quelqu’un t’a fait changé d’avis ?

    Aurélie : Personne ne me dit ce que je dois faire !

    Franck : C’est ce que tu voudrais me faire croire. Mais quand tu as appelé, le type du garage t’a mise sur haut parleur et je t’ai entendu. Tu étais détendue, sereine, prête à dialoguer et depuis que je suis là tu ne cesses de t’emporter de m’injurier, de te bloquer comme si on t’avais dissuadée de me donner une chance !

    Aurélie : Mais t’es parano toi ! Casse toi tu m’énerves !

    Franck : Ok ! Je te laisse ma carte, ne la déchire pas s’il te plait et si tu as la moindre envie de me parler, de jour comme de nuit, appelle moi !

    Aurélie : Que veux tu que j’en foute de ton numéro ?

    Franck : On ne sait jamais ! Je ne peux faire que cela pour l’instant ! Bon alors, peut être à bientôt !

    Aurélie : Compte là-dessus !
    (Il sort sans se retourner, alors qu’elle le regarde partir)

    FIN de l’Acte 2


































    Acte 3

    On sonne à nouveau ! C’est Franck qui revient, avant même que Aurélie n’ait le temps de dire quoi que ce soit il se lance sans s’interrompre.

    Franck : Oui, c’est encore moi ! Oh je sais ce que tu penses et surtout que tu n’as plus envie de me voir ! Malgré tout ce que tu m’as flanqué dans la gueule, j’insiste pour te parler quitte à me faire encore jeter. Tu as tout à fait raison, du moins de ton point de vue. Je n’ai pas été un père, j’en conviens, j’aurais du me manifester plus tôt. J’ aurais du être présent à chaque instant important de ta vie. J’ai failli, je me suis déballonné devant ta mère, j’ai eu la trouille toute ma vie et même à cet instant je tremble encore devant toi et j’ignore encore comment je trouve le courage pour t’affronter à nouveau. Bon tu peux passer ta vie à m’en vouloir, ne jamais me revoir et prolonger cette douleur qui t’a démolie depuis toute petite. Mais tu peux aussi décider d’avancer, m’accorder un peu de crédit et réaliser que je t’aime, que je ne suis pas un monstre d’égoïsme, mais un simple mec qui s’est planté. J’assume mes erreurs et je n’ai pas le pouvoir de te faire oublier mes fautes passées. Mais situe toi dans le présent et regarde moi, je suis là en dépit de tout, je suis ton père, je veux créer un lien avec toi. Je veux me dire que tu sauras me faire appel chaque fois que tu en auras besoin. Je veux t’aider, te soutenir, te protéger de tout y compris de toi-même. Je veux espérer que je serai là pour ton mariage, la naissance de tes enfants, tes réussites, tes gloires, tes défaites, tes chagrins, tes déceptions et partager tout ce qui te touche. J’ai envie d’apprendre à connaître tes moindres traits de caractère, tes travers, tes folies, tes colères, tes excès de bonheur. Je veux redevenir ton père et mériter ce noble titre au fil de nos échanges lorsque tu auras toi-même décidé que le l’ai gagné. Je veux te donner tout ce que tu seras en droit d’attendre d’un père parce que… je t’aime !
    (Aurélie reste sans voix un bon moment puis répond)

    Aurélie : C’est bien ! Tu as fini ? Si tu t’entendais : « je veux, je veux… » Est-ce que tu te soucies de ce que je veux moi ? Tu me demandes de t’accueillir dans ma vie parce que ça t’arrange TOI ! Mais que fais tu de mes besoins, mes désirs à moi !

    Franck : Quand je dis « je veux » c’est juste une figure de rhétorique. Je n’exige rien, cela correspond à ce que je souhaiterais si toi tu en manifestais le désir. Mais la balle est dans ton camp. Je tenais simplement à vider mon cœur de tout ce qui me pèse depuis le début de notre rencontre. Il fallait que tu saches ce que je ressens car tu ne m’as pas vraiment laissé le temps de le faire jusque là. A présent que tu le sais tu as tout le temps d’y réfléchir et de t’interroger sur ce que tu attends de moi.

    Aurélie : J’ai appris à ne plus rien attendre de personne. Quand à toi je ne t’ai jamais inclus dans mes projets !

    Franck : Jusque là c’est vrai mais maintenant tu peux peut être reconsidérer la question. Tu sais ça peut être utile un père !

    Aurélie : (En souriant) Oui sans doute !

    Franck : Je sais que tu es quelqu’un de bien, j’ai confiance en ton jugement !

    Aurélie : Il semblerait que tu en saches plus sur moi que moi sur toi. C’est possible que tu aies changé et que tu veuilles mon bonheur mais on n’est rien l’un pour l’autre !

    Franck : Ce n’est pas vrai ! Et puis dans toute rencontre il faut un début, on s’ignore toujours avant !

    Aurélie : Mais…

    Franck : Je sais, j’ai un sérieux handicap, je ne suis pas tout à fait étranger et j’ai mes casseroles. Et si tu essayais de découvrir le Franck que tu ne connais pas. Un Franck tout neuf libéré de son lourd passé et qui pourrait devenir ton père !

    Aurélie : Je ne sais pas !

    Franck : Je vais te laisser, je crois qu’il vaut mieux te donner le temps de souffler.

    Aurélie : Non, j’aimerais que tu restes…un petit peu !

    Franck : Comme tu veux ! Tu sais je n’ai pas envie de m’immiscer dans ta vie comme un intrus, une sorte de trouble fête. J’aimerais pourvoir être intégré sans rompre l’harmonie.

    Aurélie : Tu ne peux rompre aucune harmonie, ma vie est si désordonnée !

    Franck : Dois je comprendre que tu pourrais m’y inclure ?

    Aurélie : Peut être mais après un bon moment. Je commence à réaliser que j’ai été un peu dur. Je dois être sur mes gardes, qui pourrait me protéger de toi maintenant que maman n’est plus là ?

    Franck : Je ne peux pas te garantir que je ne commettrais pas la moindre erreur. J’ai tout à apprendre sur le rôle d’un père, surtout que je débute avec une adulte. Il faudra que tu m’aides !

    Aurélie : Je ne sais rien non plus ! Je n’ai jamais eu de père avant ! J’aimerais te dire que je t’aime, que tu m’as manquée, que j’ai envie de te découvrir, d’apprendre des choses avec toi. Mais cela sonnerait faux parce qu’à vrai dire je me sens démunie, dénuée du moindre sentiment vis-à-vis de toi. Pourtant tu sembles gentil, sympa, avec ton regard si doux. Je sens que tu veux tout faire pour que ça marche, tu essaies de t’amender du mieux que tu peux. Tu as sûrement beaucoup à m’apporter mais je ne sais pas…Je ne saurais pas t’expliquer, peut être que je suis une femme sans cœur !

    Franck : Pff ! Je suis certain du contraire ! Tout cela me paraît normal, tu n’as pas été préparée à cela. Je représente une pierre qui te tombe sur la tête, tu es assommée ! Je trouve que tu réagis plutôt bien en la circonstance, tu grandis ma fille !

    Aurélie : Tu crois ? J’ai plutôt la sensation de régresser et de devenir une petite fille.

    Franck : C’est plutôt bon signe !

    Aurélie : Pourquoi ?

    Franck : Cela veut dire que tu as besoin de retrouver ton enfance, l’époque où j’étais près de toi. Cela veut tout simplement dire qu’on se rapproche un peu !

    Aurélie : Pour quelqu’un qui a peur de tout, je te trouve prodigieusement optimiste !

    Franck : Cela te rassure ?

    Aurélie : Un peu ! J’espère que je peux te faire confiance !

    Franck : Je te l’ai dit je n’ai pas de preuves incontestables de ma bonne foi, en dehors de ma parole.

    Aurélie : Oh je te crois ! Mais rien ne peut me garantir qu’au premier coup dur tu ne vas pas démissionner, tout plaquer à nouveau. Es-tu toi-même certain de tenir le coup ?

    Franck : Certain ? Non ! Mais je sais que j’ai mûri, j’ai pris pas mal de coups et puis toi-même tu m’as mis du plomb dans la tête.

    Aurélie : C’est vrai ? Je reconnais que je t’ai un peu secoué !

    Franck : Tu as bien fait ! J’en avais vraiment besoin ! Ha ! (Il s’assied en se tenant le ventre)

    Aurélie : Qu’est ce que tu as ? Tu es malade ?

    Franck : Oh ce n’est que mon foie. Cela m’arrive de temps en temps.

    Aurélie : Tu es suivi pour ça ?

    Franck : Oui mais il n’y a pas grand-chose à faire à part une greffe.

    Aurélie : Tu as un traitement ? Quelque chose ?

    Franck : Evidemment mais ce n’est plus très efficace.

    Aurélie : Et pour la greffe, tu dois attendre longtemps ?

    Franck : Malheureusement oui, je suis loin sur la liste !

    Aurélie : Il n’y a donc aucun autre moyen ?

    Franck : Il y en a peut être un mais ce n’est pas évident !

    Aurélie : Lequel ?

    Franck : Le prélèvement d’un morceau sur le foie d’une autre personne. Comme le foie se régénère, l’une et l’autre peuvent se reconstituer un foie, mais il faut trouver la personne compatible.

    Aurélie : Tu veux parler d’un parent ? Une fille par exemple ?

    Franck : C’est possible en effet !

    Aurélie : C’était donc ça !

    Franck : Quoi ?

    Aurélie : Et dire que je commençais à te croire sincère, tu finissais par me convaincre, quel salaud !

    Franck : Tu penses que je suis venu te voir pour ça ?

    Aurélie : Oh tu peux jouer l’innocent, tu m’as fait un vrai cinéma pour m’attendrir et tu termines par l’apitoiement, bravo ! Quel comédien !

    Franck : Je peux t’assurer que je n’avais même pas l’intention de t’en parler si je n’avais pas eu ce malaise.

    Aurélie : Bien sûr ! Tu n’es pas venu là pour ça ! Ce n’est pas non plus pour cette raison que tu as insisté en me laissant ta carte ! Que tu m’as joué le couplet du père repentant, disponible, proche, qui veut participer à l’avenir de sa fille chérie ! Et j’ai marché, comme une conne !

    Franck : Je te jure que je ne voulais vraiment pas !

    Aurélie : Oh ! Ne jure plus, je t’en prie ! T’en as assez fait dans ce domaine !

    Franck : Je suis désolé, je suis sincère, je n’étais pas là pour ça…

    Aurélie : Bon ça suffit ! Tu vas l’avoir ton bout de foie, puisque c’est ce que tu veux ! Je ne veux pas avoir ta mort sur la conscience, mais je te préviens, après l’intervention je ne veux plus ni te voir, ni entendre parler de toi !

    Franck : Je refuse ! Tu dois me croire, je ne voulais pas qu’il en soit question. Pour être franc, quand le médecin m’en a parlé, j’ai pensé d’abord à toi, et par la suite j’ai cherché tous les moyens d’éviter ce




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