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Les Textes de Vincent
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Les Textes de Vincent

VIP-Blog de vinny53poesie
  • 45 articles publiés
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  • 1 visiteur aujourd'hui
  • Créé le : 25/03/2010 19:07
    Modifié : 26/06/2012 15:26

    Garçon (52 ans)
    Origine : la Mayenne
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    [ Les Furtives ]

    Les Furtives :Sous un Ciel Irlandais

    26/03/2010 13:54



                                                                                       Sous un ciel Irlandais

                                                       Curieuse idée en vérité que ce voyage de noces en ce pays à peine cicatrisé de ses plaies guerrières, où le ciel parfois peu accommodant tenait le soleil en otage derrière des montages de nuages. Mais Daniel n’avait pas voulu en démordre, son rêve d’enfance étant de visiter ce pays, Sarah avait du plier. Le couple se retrouvait donc ainsi à cent kilomètres de Dublin dans ce décor aussi merveilleux que sauvage, aussi perdu qu’envoûtant et aussi frais que chaleureux. L’homme savourait ces instants, s’empressant d’escalader les collines abruptes, dévalant les prairies sauvages en écoutant les colères assassines des vagues fracassantes qui s’enrageaient sur les rochers fébriles. Sarah, quant à elle s’évertuait à faire bonne figure, s’emmitouflant dans des gilets de laine d’Ecosse achetés avant le départ dans une boutique de la rue Lepic. Prenant son mal en patience, elle se disait que si son mariage commençait par une concession, elle pensait que l’avenir serait plus favorable à l’égard de ses désirs. Elle se résolut tout de même à quelques excursions qui ne lui laissaient qu’un parfum amer. Par la suite, après avoir insisté auprès de sa jeune femme pour qu’elle l’accompagnât, malgré ses refus répétés. Il convint qu’elle détestait ce pays et se contraignit à errer en solitaire au gré des sentiers escarpés de la région.

    Le ciel se faisait menaçant et sans complaisance, le vent noyé dans la brume, distribuait ses gifles nordiques, il dut s’arrêter par trois fois pour trouver un abri. Après deux heures de marche il élut domicile dans une bergerie déserte. Là, parmi la paille et le foin, il finit par s’endormir au creux d’un lit de fortune. Il fut réveillé subrepticement par un homme en colère, s’exclamant dans un anglais rustique. Daniel, qui ne possédait que quelques rudiments sommaires de la langue de Shakespeare ne parvenait pas à comprendre vraiment ce que lui flanquait le bonhomme, il devina cependant qu’on le priait instamment de quitter les lieux. Il obtempéra donc comme si ce fut un ordre intimé par un officier. Après tout, il squattait une propriété privée le fermier était en droit de le chasser. Il n’eut pas accompli une centaine de mètres qu’une voix féminine dotée d’un délicieux accent l’interpella en français :

    n Ne vous sauvez, pas (dit elle) il n’est pas méchant, mon père déteste qu’on vienne dans sa bergerie, mais il hausse la voix juste pour faire peur !
    n Ah bon !
    n Excusez-moi je suis Kelly Maligham et cet ours mal léché est mon père, Kevin Maligham troisième du nom. Hélas pour lui ça s’arrêtera là puisqu’il n’a eu que moi, vous vous rendez compte que j’ai failli m’appeler Kevin !
    n Il aurait eu tort, Kelly vous va mieux !
    n Alors, dites moi ce que fait un touriste français dans ce coin perdu ?
    n Ma famille est d’origine bretonne alors vous savez, ici c’est un peu ma terre jumelle !
    n Ah ! Et c’est quoi le nom de votre famille !
    n Oh excusez-moi, c’est Guerdan et mon prénom est Daniel.
    n Vous êtes tombé amoureux de mon pays ?
    n En quelque sorte, oui ! Je réalise un vieux rêve de gosse ?
    n Oh un rêve ! C’est bizarre, il n’y a pourtant pas de quoi s’extasier devant la pauvreté des terres, le climat pluvieux et glacial, et la fadeur de ses habitants !
    n Vous n’aimez donc pas votre pays ?
    n Si mais je l’aime surtout parce que j’y suis né et que je ne connais rien d’autre mais j’imagine que la France doit offrir plus de richesses !
    n Cela dépend de ce que vous entendez par richesses. Evidemment nous avons des variétés de paysages du nord au sud et de l’est à l’ouest. Le climat aussi change beaucoup selon les régions et nous avons la mer et la montagne et la campagne est diversifiée de part ses terres cultivables et ses forêts aux différentes essences.
    n Essences ?
    n Des arbres !
    n Ah vous avez beaucoup de forêts ?
    n Pas mal surtout dans certaines régions mais avec les incendies et la pollution elles ont tendance à diminuer !
    n Jaime beaucoup les forêts, nous aussi nous en avons mais pas partout !
    n Vous avez beaucoup de fleurs aussi ?
    n Oh vous parlez des roses, c’était vrai il y a vingt ans mais maintenant ça disparaît !

    En parlant de la sorte, ils finissaient par échanger non seulement des vis-à-vis géographiques mais plus encore ils mariaient deux cultures ancestrales qui se connaissaient si mal. Ils se dispersaient en partageant leurs goûts et leurs aspirations communes. L’après midi se déroula ainsi dans un échange de paroles, de rires, voire de chansons typiques du terroir. Le soir tombant, Kelly proposa à Daniel de rester pour la nuit, l’invitant à dormir dans la chambre d’amis qui n’était jamais utilisé faute de visiteurs. Après un dîner copieux de ragoût de mouton aux pommes de terres, ils passèrent la veillée au coin de la cheminée tandis que le père était allé se coucher. La lueur des flammes se projetait sur la chevelure déjà flamboyante de la jeune femme, le halot des chandelles illuminait les points roux du visage rond et blanc. Ses yeux d’émeraude étincelaient face au regard curaçao que lui envoyait son interlocuteur. Le silence s’installa, on n’entendait plus que le crépitement des braises de châtaignier qui émettaient leurs cris de douleur. Daniel se sentait apaisé, détendu, il lui semblait soudain que rien n’aurait pu troubler ces instants de bien être. Il paraissait bien loin son voyage de noces ! Il n’éprouvait pas la moindre culpabilité du bonheur qu’il ressentait en compagnie d’une femme qui n’était pas la sienne. Il n’y pensait même pas, savourer l’instant présent était sa seule préoccupation. Ils se souriaient sans un mot. Il se décida enfin à gagner la chambre qu’on lui avait indiquée. Elle lui présenta une paire de draps et ensemble ils bordèrent le lit. Penchés l’un vers l’autre, s’appliquant à bien étendre les draps, tapotant les oreillers, en recouvrant l’ensemble d’un dessus de lit bariolé, leurs visages se confrontèrent. Leurs lèvres se rapprochaient, leurs regards s’interrogeaient, un même désir les unissait. Il voulut l’embrasser, elle s’y refusa. Puis elle se rapprocha à son tour et ce fut lui qui se déroba. Il se réveilla d’un seul coup de cet onirisme fantastique dans lequel la jeune femme l’avait bercé à son insu. Il se souvint ! Le visage de Sarah lui apparut, il était marié ! Ses membres le lâchèrent, il s’écroula. Kelly s’efforçait de le retenir, elle le soutenait comme elle pouvait, puis elle l’allongea sur le lit. Avait-elle compris ? Elle s’éloigna du lit et lui souhaita « good night ! » en s’éclipsant de la chambre. La nuit fit son œuvre et quand il s’éveilla il était à nouveau Daniel Guerdan, homme marié en voyage de noces. Kelly lui proposa un petit déjeuner reconstituant, il prétexta l’urgence du départ afin de ne pas rentrer trop tard à l’hôtel, elle feignit de le croire, ils se saluèrent d’un geste vague et il disparut. Lorsque Kevin Maligham revint des champs, il trouva sa fille en larmes.En dépit de ses manières mal dégrossies et de sa rusticité, il ne lui parut pas difficile d’en imaginer la raison. Qu’était donc ce rustre de français qui l’espace d’une nuit avait fait souffrir sa fille ?

    Daniel marchait, marchait, il ne voulait, ne pouvait plus s’arrêter. Un élan le poussait à poursuivre son chemin sans d’ailleurs savoir où cela le mènerait. Les sentiers abrupts se semblaient plus le gêner. Il essuya une averse sans ralentir un seul instant. Il s’efforçait de ne pas s’obscurcir l’esprit en pensant à l’une ou l’autre de ces femmes qui provoquaient tant de troubles et de doutes en lui. Comment Kelly avait-elle pu évincer ainsi son épouse tant aimée ? Comment Sarah pouvait-elle perdre autant de capacité à s’imposer comme une évidence ? Malgré son obstination à vouloir chasser ce conflit spirituel et affectif, les deux femmes le harcelaient en permanence sans qu’il pût émettre une préférence. Plus il marchait et plus ce choix se faisait cornélien. Epuisé, il finit par interrompre sa marche, réalisant alors que réflexion et marche ne faisaient pas bon ménage.

    Les nuages tourmentaient le jean délavé de ce ciel capricieux. Un détachement de macareux, venu en éclaireur, sillonnait la crête escarpée qui surplombait la tablette où Daniel s’était réfugié. Un vent d’est importun commençait à lui pincer les oreilles. Mais rien de tout cela ne savait perturber ses pensées tumultueuses. Il aimait son épouse, et cela ne pouvait être remis en question, cependant l’éclat flamboyant de la petite bergère irlandaise le troublait au point qu’il ne se sentait pas capable de la chasser de son esprit, il sombrait. Etait-ce cela qu’on appelait le coup de foudre ? Quelques heures passées à discuter, à croiser ce regard aux teintes de l’océan qui s’offrait à lui, auraient-elles suffi à enrayer deux années d’amour à plein ? Peut-être l’attitude de Sarah depuis leur arrivée sur l’île était-elle responsable de l’infidélité de son cœur ! Il tentait vainement de justifier ce manquement à la promesse qu’il venait de prononcer devant Dieu et devant les hommes. Sans conviction il finit par reprendre sa route, toujours habité par les mêmes tourments. Le vent glacial lui flanquait ses grains au visage comme pour le punir ou lui remettre les idées en place, mais rien ne faisait fuir son dilemme.

    Deux heures s’étaient écoulées depuis qu’il avait quitté la ferme des Maligham. Il souffrait ses vêtements trempés comme on porte un fardeau pénible. Il parvint à l’hôtel presque malgré lui s’efforçant de faire bonne mine aux gens qu’il croisait dans l’ascenseur. Sarah l’attendait, postée au milieu de la chambre telle une sentinelle en faction. Son regard noir accusait son mari au point qu’il eut la sensation qu’elle perçait son esprit, devinant ainsi l’objet de ses tourments. Il n’en n’était rien, elle traduisait seulement son angoisse et son impatience depuis vingt quatre heures :
    n Où étais-tu pendant tout ce temps ? Je me suis fait un sang d’encre !
    n Je me suis un peu perdu, heureusement j’ai pu trouver refuge chez des gens très gentils !
    n Avec ton anglais approximatif je ne sais pas ce que tu as pu leur dire !
    n J’ai eu de la chance, la jeune fille parlait français !
    n Ah parce qu’il y avait une jeune fille ! Etait-elle jolie au moins ?
    n Oh, je ne sais pas je ne l’ai pas remarquée !
    n Tel que je te connais tu as bien du regarder ses yeux tout de même !
    n Peut-être mais je ne me souviens plus de quelle couleur ils étaient !
    n Menteur !

    Il pâlit. Ces questions insidieuses signifiaient-elles des soupçons ? Avait-elle eu vent de sa visite à la bergerie Maligham ? Son visage exprimait-il une culpabilité quelconque ? Ses mains détenaient-elles quelques « stigmates » d’un rouge à lèvres effleuré, ou d’un parfum intercepté au vol ? Il se sentait défaillir, il ne tenait plus debout, il réclama une chaise et se posa en soufflant.
    Sarah attendait tranquillement qu’il reprît son souffle ! Elle s’amusait de ses questions inquisitrices traduisant une soit-disant jalousie. Il demeurait muet, pétri d’angoisse. Elle le regarda avec tendresse et déclara avec vigueur.
    n Tu sais tu avais raison, il est vraiment beau ce pays, je ne regrette pas d’y être venu. Il y a de super ballades à faire ! J’aimerais bien me promener avec toi !
    n Comme tu veux ma chérie (répondit-il avec étonnement) Je vais te faire découvrir les environs.
    n Je voudrais connaître toute cette campagne, on m’a dit qu’il y avait des fermes où des centaines de moutons paissent dans les prés vallonnés. Tu m’y emmèneras ?
    n Je…je ne crois pas que cela te plairait, tu sais ce ne sont que des fermes comme chez nous !
    n Oh je ne crois pas, en France on trouve peu de bergeries comme ici. Et surtout les bergères sont sûrement moins jolies.
    n Pourquoi dis-tu ça ?
    n Comme ça ! C’est peut-être une légende, mais je ne veux pas courir le risque de te voir succomber au charme de l’une d’entre elles !
    n Il n’y a aucun risque, je ne pourrais succomber à aucun autre charme que le tien.
    n Je le sais, et c’est pour cela que je veux tout partager avec toi, mon trésor !
    n
    n Il savourait ces paroles comme de la promesse d’un éternel bonheur, oubliant déjà que quelques heures auparavant une autre avait failli briser cette idylle qu’il savait désormais précieuse.



    FIN.











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