| Accueil | Créer un blog | Accès membres | Tous les blogs | Meetic 3 jours gratuit | Meetic Affinity 3 jours gratuit | Rainbow's Lips | Badoo |
newsletter de vip-blog.com S'inscrireSe désinscrire
http://vinny53poesie.vip-blog.com


Les Textes de Vincent
VIP Board
Blog express
Messages audio
Video Blog
Flux RSS

Les Textes de Vincent

VIP-Blog de vinny53poesie
  • 45 articles publiés
  • 5 commentaires postés
  • 1 visiteur aujourd'hui
  • Créé le : 25/03/2010 19:07
    Modifié : 26/06/2012 15:26

    Garçon (52 ans)
    Origine : la Mayenne
    Contact
    Favori
    Faire connaître ce blog
    Newsletter de ce blog

     Juillet  2025 
    Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
    30010203040506
    07080910111213
    14151617181920
    21222324252627
    282930010203
    [ Les Furtives ]

    Les Furtives : La douceur de Cracovie

    26/03/2010 13:45



                                                                                 La Douceur de Cracovie



                                                          Milena s’apprêtait à quitter son service quand le docteur Lievitz l’appela :
    n Je sais que vous travaillez depuis hier sans répit mais j’ai besoin de vous. Un touriste français vient d’être admis au service traumatologie.
    n Mais en quoi cela nous concerne-t-il, nous en chirurgie ?
    n Cela ne nous concerna pas mais vous êtes la seule infirmière disponible qui parle correctement le français !
    n Mais Monsieur, je travaille depuis quarante huit heures sans interruption !
    n Je suis désolé Milena, mais en plus de vos qualités linguistiques vous êtes la plus compétente et la plus apte à suivre ce patient
    n Bien Monsieur, mais j’espère que vous vous en souviendrez à l’avenir !
    n Ne craignez pas, je sais déjà ce que je vous dois !

    La mort dans l’âme elle dut se résoudre à ce qui lui semblait être une corvée. Lorsqu’elle arriva en traumato, le groupe d’intervention encerclait le patient. Celui-ci baignait dans un coma depuis le choc qu’il avait reçu. Une automobile avait failli le renverser, l’évitant de justesse il s’était jeté contre un réverbère où il s’était ouvert le crâne de manière superficielle ce n’est que quelques instants plus tard qu’il avait sombré dans le coma. Il régnait là au sein de ce lit dépourvu d’oreiller mais encombré de tubes et de canules. Un interne surveillait de près l’application de ce qu’il avait précédemment tenté sous les ordres de son résident. Une infirmière s’occupait des soins de proximité alors que deux aides soignantes veillaient à l’hygiène. Milena se demandait à quoi elle servait dans tout cet amas de soigneurs intensifs efficaces. L’interne Casimir Slodanitszinski lui demanda de seconder l’autre infirmière dans ses soins, précisant que dès qu’il se réveillerait, ce qui ne saurait tarder, il éprouverait un soulagement à discuter dans sa langue. Elle s’exécuta avec sa vigueur habituelle. En examinant la feuille de suivi médical, elle avait pu lire que le patient se nommait « Gilles Perlant » qu’il était âgé de trente sept ans et qu’il habitait Le Havre en Seine Maritime. Elle l’observait, guettant alors le plus petit signe de reprise de conscience, le moindre effet d’éveil qu’il pourrait émettre. Elle lui caressait le front avec une douceur maternelle d’une main tandis qu’elle tâtait son pouls de l’autre. Malgré sa fatigue, elle ne négligeait aucun geste susceptible d’aider son patient à recouvrer la conscience. Les autres oeuvraient avec professionnalisme et détachement au chevet de celui qui s’avérait être un numéro parmi d’autres. En revanche, Milena Wyszynski s’évertuait à considérer tout patient comme un être unique qui méritait toute son attention et sa considération de soignante.

    Il faisait si froid en ce février des années quatre vingt, la petite Milena revenait de l’école précipitamment. On allait fêter son anniversaire, dix ans ce n’était pas rien, certes elle savait qu’il n’y aurait pas vraiment de cadeau au programme, mais la fête suffirait à elle seule à la combler. Pourtant ce n’était pas une ambiance de fête qui l’attendait ce jour là, mais une ambulance. Elle vit descendre la civière sur laquelle sa mère reposait, elle devina aux larmes de son père qu’il ne s’agissait pas d’un simple malaise mais plutôt d’un accident grave. Lorsqu’elle s’approcha du brancard, sa mère lui serra la main, se contentant d’un sourire pour tout langage, puis éteignit son regard avant de s’éteindre peu après.
    Depuis ce jour là, Milena n’eut plus qu’une seule obsession, soulager la souffrance. Elle avait tout d’abord décidé de devenir médecin, pensant alors guérir tous ceux qui, comme sa mère succombaient à la maladie faute de soin ou d’ignorance comme cela avait été le cas pour elle. Mais de stage en stage, elle s’était rendue à l’évidence que les infirmières offraient plus de présence, de soutien, de réconfort aux malades que n’importe quel médecin fut il le plus attentionné.

    Evidemment les jeunes gens qui s’activaient à soigner ce patient étranger, ignoraient tout de cette infirmière qui leur paraissait un peu trop zélée. Que gagnait-elle ainsi à cajoler cet homme comme s’il était un membre important de la diplomatie ou une personnalité du spectacle français. Sans doute, voulait-elle impressionner le chef de service en vue d’un poste important ou l’infirmière en chef qui apprécierait peut-être ses mièvreries. En fait elle se moquait des appréciations et des avancements de carrière, sa seule préoccupation se bornait aux soins de son patient, à son bien être, à sa « résurrection ». Au bout d’une heure il ne restait plus qu’elle au chevet de Gilles, les autres vaquaient à d’autres occupations entre commérages et pauses café. Milena, en dépit de son épuisement, poursuivait ses soins, lesquels semblaient accessoires tant que Gilles n’était pas revenu à lui. Pourtant à forces de caresses et de petits mots simples murmurés avec tendresse, il finit par ouvrir les yeux. Quand il commença à distinguer ce regard aux éclats mentholés, il se demandait en quel paradis il pouvait bien s’éveiller. Elle l’interrogeait avec douceur sur son état. Elle lui prit la tension pendant que l’interne qui venait d’arriver lui examinait les pupilles et lui tâtait le pouls. Un nouveau venu intervint alors jugeant que le réveil du patient commençait à revêtir une certaine importance, le Docteur Delacour, chef du service, s’affairait à analyser toutes les réactions de Gilles, sans même lui poser la moindre question. Dédaignant la présence de l’infirmière, il se contentait de donner ses instructions à l’interne qui acquiesçait sans même oser un seul commentaire. Pendant ce temps, Milena notait sur la feuille de suivi, les résultats qu’elle venait de constater, mentionnant également tout ce que l’interne lui avait prescrit. Peu à peu les occupants désertèrent les lieux, il ne resta bientôt plus que Milena et Gilles au sein de la chambre monotone. Emergeant de son état second, l’homme s’enhardit et se mit à parler :
    n Il y a longtemps que j’étais dans le coma ?
    n Non, quelques heures seulement, rien de grave. Vous souvenez-vous de quelque chose ?
    n Pas vraiment ! Je suis où là ?
    n Vous n’avez pas de souvenir ?
    n Non !
    n Vous êtes à l’hôpital universitaire de Cracovie.
    n En Pologne ?
    n Oui ! Vous étiez en séjour touristique. Je suis Milena Wyszynski, mais vous pouvez m’appeler Milena ce sera plus simple pour vous.
    n Oui, je crois en effet !
    n Vous souvenez-vous de votre nom au moins ?
    n Oui, Gilles Perlant !
    n Vous vous rappelez votre date de naissance, votre domicile, et…d’autres choses ?
    n Oui, enfin je crois. Je suis né le … trois Janvier…et j’habite Le Havre, c’est ça ?
    n Oui ! l’année de votre naissance ne vous revient pas ?
    n Euh… mille neuf cent soixante peut-être.
    n Soixante et un ! Savez-vous en quelle année nous sommes ?
    n Quatre vingt douze ou treize …
    n Nous sommes le dix neuf mars mille neuf cent quatre vingt dix huit.
    n Oh ! Merci ! Je suppose que je suis…amnésique.
    n Ce n’est pas grave, c’est juste une amnésie partielle, mais rassurez-vous ça va revenir petit à petit comme vous dites en France.
    n Vous parlez bien, je trouve. Je veux dire le français vous le parlez bien !
    n Oui j’ai étudié un peu chez vous à Paris.
    n Vous aimez la France ?
    n Beaucoup oui ! Mais je suis très attachée à mon pays.
    n Je le comprends, il est magnifique !
    n Ah ! Vous vous souvenez de quartiers ? De monument en particulier ? De quelque chose qui vous aurait marqué ?
    n Ben à vrai dire pas vraiment.
    n Ce n’est rien !
    n Mais c’est sûrement un très beau pays !
    n C’est vrai.
    n Vous devriez vous reposer Milena !
    n Pourquoi dites-vous ça ?
    n Vous avez l’air fatiguée. Vous travaillez trop sans doute.
    n Cela fait partie de mon devoir.
    n J’espère que ce n’est pas à cause de moi.
    n Non, vous n’y êtes pour rien. J’ai fait une longue garde.
    n Et vous vous occupez de moi en plus ! Vous ne devriez pas !
    n Il le faut qui va le faire sinon ?
    n Vous n’êtes pas la seule infirmière dans cet hôpital !
    n La seule qui parle le français oui !
    n Dans un hôpital universitaire ! Vous êtes bien démunis alors.
    n Nous ne sommes pas un pays du tiers monde !
    n Holà ! Calmez vous, je ne voulais pas insulter votre pays. Je suis juste étonné que vos hôpitaux ne comportent pas plus de jeunes universitaires polyglottes.
    n Poly quoi ?
    n Polyglottes, qui maîtrisent plusieurs langues….qui parlent plusieurs langues.
    n Ah oui ! Si il y en a mais les cliniques privées les recrutent toutes et il n’en reste plus chez nous.
    n Pourquoi êtes-vous restée à l’hôpital en ce cas ? Vous devriez travailler en clinique privée, vous gagneriez plus d’argent.
    n Je ne suis pas infirmière pour l’argent.
    n Bien sur mais vous feriez le même travail en gagnant plus dans une clinique.
    n Ce n’est pas le même travail, dans les cliniques on ne soigne que les riches, les gens importants, les touristes étrangers aisés, cela ne m’intéresse pas.
    n Oh je vois ! Vous êtes une sorte de Mère Térésa !
    n Ne vous moquez pas !
    n Je ne me moquais pas de vous. Je crois que vous avez, comment dire…une sorte de vocation à vous occuper des autres.
    n Cela semble vous surprendre !
    n Oui, mais je suis admiratif. Vous êtes quelqu’un de bien.
    n Arrêtez ! Je ne suis pas une sainte !
    n Vous êtes croyante ?
    n Oui pas assez mais je crois en Dieu et notre mère la vierge de Czestochowa.
    n Ah oui la vierge noire si chère à Jean Paul II !
    n Vous vous souvenez de notre pape ?
    n Ben oui, évidemment !
    n Alors ça veut dire que vous n’avez pas tout perdu ! En sortant j’irai mettre un cierge pour vous à Wavell.
    n C’est quoi ça ?
    n Notre cathédrale. Cela ne vous dérange pas que je prie pour vous ?
    n Je n’ai rien contre, si vous y croyez !
    n Tant mieux ! Maintenant je dois y aller, puisque vous allez mieux, je vais pouvoir me reposer un peu. Je repasserai demain.
    n Mais comment vais-je faire sans vous ?
    n Vous vous débrouillerez ! Vous pouvez faire des gestes.
    n Ce ne sera pas pareil sans vous !
    n Mais si ! Vous savez, ce n’est même pas mon service ici. Et puis j’ai déjà passé trop de temps auprès de vous, j’ai fini mon travail à présent.
    n Vous allez me manquer Milena.
    n Vous aussi Gilles. C’était un plaisir de vous soigner.
    n Vous êtes …adorable !
    n On voit que vous ne me connaissez pas ! Mais c’est très gentil !
    n Jamais je n’oublierai ce prénom, ce regard si doux, cet accent délicieux et toute cette attention.
    n Mais si vous m’oublierez, comme le reste, l’essentiel est que vous recouvriez vous souvenirs anciens, mais je ne m’inquiète pas pour ça, vous guérirez vite.
    n Non, non, jamais je ne vous oublierai !
    n Allez, portez-vous bien, Gilles Perlant du Havre.
    n Et vous prenez bien soin de vous Milena, mon bel ange gardien !
    n C’est promis !

    Elle sortit de la chambre sans se retourner. Certes, ce n’était pas la première fois qu’un patient lui prêtait tant d’intérêt, ni même qu’elle s’attachât de près à l’un d’entre eux, mais celui-ci lui laisserait un souvenir particulier, et le fait qu’il fût français n’en constituait pas l’unique raison.

    FIN.













    [ Annuaire | VIP-Site | Charte | Admin | Contact vinny53poesie ]

    © VIP Blog - Signaler un abus